Le feuilleton continue. Après les députés au début de décembre, c’est au tour des sénateurs d’approuver le maintien de la dénomination « fermière » pour les fromages affinés en dehors de l’exploitation où ils ont été fabriqués. Cette proposition de loi devrait aboutir à des précisions sur l’étiquetage des fromages fermiers dans le décret fromages en 2020.
« Depuis 2015 et le recours en Conseil d’État d’une association corse, l’affinage hors ferme n’était plus clairement encadré, explique Sophie Espinosa, directrice de la Fédération nationale des éleveurs de chèvres (Fnec). Ce projet redonne un cadre légal autour d’une pratique déjà existante en précisant sur l’étiquette du fromage si ce dernier est laitier, fermier ou fermier avec affinage extérieur. C’est une question de transparence vis-à-vis du consommateur et de juste retour en termes de valorisation au producteur. »
Une porte ouverte aux dérives ?
Dans un communiqué publié le 6 mars 2020, la Confédération paysanne pressent « l’accaparement de la valeur ajoutée de la mention “fermière” par les industriels, la standardisation des fromages produits et la perte de confiance des consommateurs » dans la mesure où « les limites » de l’affinage hors ferme ne sont pas posées.
Frédéric Blanchard, président de l’Association nationale des producteurs laitiers fermiers (ANPLF), affiche des craintes similaires. Les deux organisations se disent néanmoins favorables à l’affinage hors ferme dans les filières AOP et demandent l’inscription systématique du nom du producteur sur l’étiquette.
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À cela, la Fnec répond que « l’affinage hors ferme en conformité avec les usages traditionnels est déjà autorisé et que ce texte ne signe donc pas l’ouverture à du fromage fermier industriel, mais vient encadrer l’étiquetage des produits ». Concernant l’obligation d’inscrire le nom du producteur, les discussions sont en cours mais « cela ne fait pas l’unanimité chez les producteurs fermiers », relève Sophie Espinosa.
Le projet de loi ne prévoit pas de distinction entre les filières AOP et non AOP. « Il n’y a pas de garanties supplémentaires sur les méthodes d’affinage en AOP, il ne peut donc pas y avoir de distorsion de traitement », estime la directrice de la Fnec.