« Qu’est-ce que j’ai bien pu faire de mal pour mériter ça ? » s’est exclamée Marissa Bousselaire lorsqu’elle a découvert son oliveraie vandalisée. Nous sommes le mardi 19 août 2025, l’exploitante vient tout juste de rentrer de vacances avec son mari. « Je lui ai demandé d’aller voir si les oliviers n’étaient pas asséchés à cause des grosses chaleurs. Il m’a dit que si. Je suis allée dans la parcelle et, devant l’état des feuilles, j’ai soulevé chaque protection. Là, je me suis rendu compte que les arbres avaient été arrachés méthodiquement, pied par pied puis remis à leur place », décrit-elle. La moitié de sa plantation est décimée. « J’étais sous le choc, triste, en colère. C’était l’incompréhension totale : pourquoi on m’avait fait ça ? » confie-t-elle.

Au moins 10 000 euros de dommages
Depuis, elle a porté plainte. Le procureur d’Évreux a confirmé auprès de l’AFP qu’une enquête était ouverte pour « dégradations graves ». Reste les pertes financières. L’assurance ne prendra rien en charge. Alors, Marissa Bousselaire a monté une cagnotte, espérant que la solidarité puisse l’aider à rebâtir ce qui est perdu. « Juste pour la plantation, il y en a pour un peu plus de 10 000 euros. Après, il faudra forcément nettoyer toute la parcelle, déposer tous les tuteurs, il y en a quand même eu 500, retravailler le sol, racheter de nouveaux oliviers et les replanter », soupire-t-elle.
Sans compter la main-d’œuvre et le travail qu’elle avait fourni pour aboutir à l’oliveraie. « C’était l’aboutissement de mon rêve. Quand je me suis lancée, c’était une reconversion professionnelle car, petite, j’ai baigné dans l’oléiculture. » Cette ancienne secrétaire comptable, devenue salariée agricole, a tout appris auprès de sa tante, oléicultrice au Portugal.
Combative
Il y a quatre ans, Marissa Bousselaire fait des premiers essais, à titre expérimental. « On ne peut pas planter n’importe quelle variété. Ce ne sont pas des oliviers du Sud. Il faut une variété résistante, avec une floraison tardive », explique-t-elle. Elle cherche aussi le bon endroit. « Là c’est un sol argilo-silex. L’olivier n’aime pas trop que l’eau baigne sur son pied, donc il faut un sol bien drainant. »
Finalement, elle se lance. Le 1er février, elle crée la SCEA « Oliveraie de Normandie ». En mars, elle débute la mise en terre. « J’avais pris l’avion pour aller chercher les oliviers, je les ai plantés un par un à la main. Ils s’étaient bien acclimatés. Ils avaient poussé d’un mètre. Là, c’est réduire un projet à néant », soupire Marissa.
Mais pas question d’abandonner cette « culture de diversification durable » pour cette agricultrice en conversion à l’agriculture biologique. « On peut arracher des arbres mais on ne m’arrachera pas mon rêve, on va continuer de se battre », assure-t-elle. Aujourd’hui, elle attend surtout les conclusions de l’enquête pour comprendre ce qu’il s’est passé.