Les prix se sont stabilisés ou redressés cette semaine sur le marché des céréales à la suite d’achats importants et de perspectives de stocks bas dans l’UE en blé et orge. Statu quo en colza après la fièvre de la semaine dernière.

Timide remontée des prix du blé français

Les prix repartent en hausse cette semaine sur le marché physique (+1 €/t à Rouen, à 182,5 €/t en base juillet) et de manière un peu plus marquée sur Euronext à 189,5 €/t pour l’échéance de mai 2019 (+2,5 €/t).

 

Le rebond a commencé à s’amorcer le 12 mars et l’achat au milieu de la semaine de 450 000 tonnes par l’Algérie y a probablement contribué. La remontée est donc le fruit des bons chiffres d’exportation qui se profilent au départ de l’UE (France notamment) pour les prochaines semaines grâce à une bonne compétitivité.

 

De nombreux d’autres achats ont eu lieu cette semaine : la Turquie a bouclé 290 000 tonnes, la Tunisie 92 000 tonnes, la Syrie 200 000 tonnes, l’Irak 100 000 tonnes sans parler des achats asiatiques de blé meunier australien ou nord-américain, et du regain d’intérêt porté par l’Asie au blé fourrager.

 

La remontée des prix résulte aussi de l’impact de Chicago, fortement influencé par des rachats de positions de fonds après les ventes massives des dernières semaines.

La France et l’UE bien parties pour remplir leur objectif d’exportation

La France profite de ce contexte et voit maintenant la possibilité que ses exportations vers les pays tiers se rapprochent de 10 millions de tonnes. Elle conserve en effet son leadership sur l’Algérie, avec des blés argentins trop chers pour réaliser le score élevé de l’an passé, et des prix US qui n’ont pas assez baissé pour prendre de grosses parts à la France. Par ailleurs, les expéditions françaises ont également démarré à destination du Maroc (0,5 Mt chargées au début de mars pour une prévision de 0,8 Mt). Les blés baltes et allemands demeurent compétitifs sur l’Arabie Saoudite. Cela conduit à revoir en hausse les exportations de l’Allemagne et de la Lituanie vers cette destination, au détriment de l’origine US.

 

Dans cette situation, l’UE est bien partie pour exporter au moins 19 millions de tonnes de blé tendre et finir avec des stocks assez bas en fin de campagne, dont 2,5 millions de tonnes seulement en France. Les prix répondent à cette situation et corrigent donc en partie la baisse récente qui a été très violente.

 

Néanmoins, cette baisse s’est expliquée par la course-poursuite qui s’était instaurée entre les blés US et les blés européens, les blés US faisant, quant à eux, face à une perspective de bilan restant assez lourd (malgré des stocks en baisse) et ne pouvant supporter de perdre de la demande au profit des blés européens.

 

Or, actuellement c’est justement ce qui se passe : les dernières ventes hebdomadaires aux US sont nettement plus faibles, en ce qui les concerne, que ce qu’il serait nécessaire pour atteindre la prévision d’exportation de l’USDA. Cette situation risque de contraindre la reprise des prix US, ce qui pourrait venir ralentir la hausse des prix français.

Les orges ne baissent plus

Comme la semaine dernière, les prix de l’orge sont restés stables à Rouen (à 158 €/t base juillet). L’orge français s’est même renchérie de 2 $/t (à 191 $/t Fob Rouen) sur le marché mondial avec une petite remontée du taux de change euro/dollar. Comme en blé, les prix ont répondu à une reprise des achats, la France ayant vendu cette semaine 90 000 tonnes à l’Algérie et un bateau (de 60 000 tonnes) à la Chine. Les orges australiennes, qui avaient initié la forte baisse des prix en février, laissent maintenant leur prix remonter. Elles ont gagné 8 $/t sur la semaine, entraînant aussi les orges de la zone de la mer Noire dans leur sillage. Attention toutefois aux orges argentines qui ont vu, pour ce qui les concerne, leur prix baisser cette semaine, semblant ne rien lâcher dans la compétition avec les orges européennes.

 

Sur le créneau brassicole, les prix se sont affaissés pour l’ancienne récolte (–1 €/t Fob Creil, à 160 €/t pour les orges d’hiver et –5 €/t, à 167 €/t, pour les orges de printemps. Les prix brassicoles sont comprimés malgré la stabilisation des prix fourragers en raison d’un excédent maintenant d’orge de printemps sur le marché européen (étant donné que des opérateurs ont accepté des taux de protéines très élevés) et en raison de l’inactivité du marché maintenant porté sur la nouvelle récolte. Les prix de la nouvelle récolte se sont ainsi légèrement appréciés malgré les bonnes conditions d’implantation.

Le maïs en légère hausse

Les prix du maïs se sont légèrement appréciés cette semaine (+1 €/t, à 160,25 €/t, en rendu La Pallice), dans un contexte mondial de reprise modérée, poussée par quelques inquiétudes concernant l’impact potentiel du temps froid sur les semis à venir aux USA (risque de retard).

Peu de perspectives de hausse pourtant pour les prix français qui restent non attractifs par rapport aux maïs importés.

Le colza français inchangé

Les cours du colza français ont peu évolué depuis la semaine dernière. Les prix ont gagné du terrain au début de la semaine dans le sillage du pétrole et du canola canadien. La demande de la Chine en huile de colza a aussi contribué à soutenir les prix, de même que la reprise d’activité chez Saipol. Ensuite, la baisse des cours d’huile de palme à Kuala Lumpur a pesé sur ceux du colza. Le recul de l’huile de palme est à mettre sur le compte d’un niveau de stocks élevé.

 

Selon le Malaysian Palm Oil Board, les stocks sont estimés à 3 millions de tonnes à la fin de février (soit 23 % plus que l’année dernière à la même date). À cela se rajoute la baisse de la demande mondiale (forte baisse des exportations malaisiennes entre janvier et février). Les craintes de la baisse des importations indiennes d’huile de palme – en raison de la hausse des surfaces des cultures oléagineuses en 2019-2020 – ont également tiré les prix vers le bas.

 

Les prix du colza français sont donc quasi inchangés cette semaine en rendu Rouen (351 €/t) et en Fob Moselle (358,5 €/t) alors qu’ils reculent très légèrement sur Euronext (-1 €/t, à 356,75 €/t).

 

Au Canada, le marché avait déjà intégré les conséquences de la décision de la Chine de retirer son autorisation d’exportation à un des exportateurs majeurs de canola canadien vers la Chine. Le prix du canola retrouve du souffle cette semaine sur Winnipeg : il gagne 6 $/t, à 345,5 $/t. Cette hausse s’explique par le rebond des cours du pétrole et par des achats (d’autres pays que la Chine) dus à la compétitivité du canola après la forte chute des prix des semaines précédentes.

Tournesol : la prime oléique à un niveau record

Le tournesol standard est resté stable depuis la semaine dernière, à 325 €/t, alors que la graine de qualité oléique continue de voir son prix progresser d’une semaine à l’autre. La prime oléique a atteint un niveau record de 140 €/t cette semaine en raison d’une forte demande européenne sur cette qualité et de faibles disponibilités restantes.

 

Dans la zone de la mer Noire, le prix du tournesol reste inchangé à 365 $/t : les cours résistent à la pression des disponibilités records grâce à la demande industrielle soutenue en plus des achats turques plutôt dynamiques.

Le soja US quasi stable

Les cours de soja sur le CBOT (marché à terme de Chicago) sont quasi stables par rapport à la semaine dernière à 327 $/t sur le rapproché et à 330 $/t sur l’échéance de mai (–1 $/t). Au début de la semaine, le soja US a reculé en raison des incertitudes liées au conflit commercial entre la Chine et les US. Ensuite, les cours ont commencé à rebondir à partir de mardi en conséquence de la révision à la baisse de la récolte brésilienne par le ministère de l’Agriculture brésilien. La production de soja au Brésil a été revue en baisse de près de 2 millions de tonnes à 113,5 millions de tonnes en raison des conditions sèches ayant affecté le développement des cultures.

 

Les tourteaux de soja sur le marché de Chicago ont suivi les mouvements du prix de la graine au cours de la semaine. Ils demeurent stables par rapport à la semaine dernière, à 333 $/t. En revanche, les tourteaux ont perdu 3 €/t, à 322 €/t à Montoir, à la suite du raffermissement de l’euro face au dollar US en plus du recul des cours en Argentine où la situation des cultures est plutôt rassurante.

 

À SUIVRE : ventes hebdomadaires des USA et de l’UE en blé, conditions de développement des cultures d’hiver et semis de printemps, parité euro/dollar US, cours du pétrole et d’huile de palme, état des cultures de colza en UE, récoltes de soja dans l’hémisphère Sud, poursuite des discussions entre la Chine et les USA, exportations US de soja.