Moins d’un an après une mobilisation historique et après un « été pourri » marqué par de mauvaises récoltes et une flambée de maladies animales émergentes, les syndicats agricoles ont ressorti les tracteurs, estimant n’avoir pas obtenu suffisamment d’avancées concrètes dans les cours de ferme.
Après le Mercosur, les « entraves »
Après une première semaine de mobilisation contre le traité de libre-échange que l’Union européenne négocie avec le Mercosur, les actions devraient s’élargir. À quelles thématiques ? La dénonciation des « entraves » à la production dénoncées par l’alliance FNSEA et JA (Jeunes Agriculteurs) comme par la Coordination rurale.
Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a annoncé de nouvelles actions avec les JA « mardi, mercredi et jeudi » pour « dénoncer les entraves à l’agriculture et tout ce qui aujourd’hui contraint notre activité ». Après des actions symboliques — feux de la colère, rassemblements — revendiquées dans 85 départements, les actions cibleront par exemple des préfectures, agences de l’eau ou bureau de l’Office français de la biodiversité (OFB). « La quasi-totalité des départements prévoit d’entrer en action d’ici aux prochains jours », a prévenu JA.
« Pas d’interdiction sans solution »
Suivant le credo de la FNSEA — « Pas d’interdiction sans solution » —, les manifestants défendront notamment le retour de l’acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, réclamé par les producteurs de noisettes et de betteraves à sucre. Interdit en France, ce produit est utilisé dans d’autres pays de l’Union européenne.
Les manifestants réclament aussi un accès accru à l’eau et la simplification du millefeuille de normes françaises et européennes, jugeant encore insuffisants les efforts consentis par le gouvernement.
La Coordination rurale prévoit « d’amplifier » sa mobilisation au-delà du Sud-Ouest où se sont concentrées ses actions ces derniers jours. Elle prévoit un rassemblement mardi devant le Parlement européen à Strasbourg mais aussi une opération de curage des fossés dans les Hautes-Alpes et la poursuite du blocage de centrales d’achat des distributeurs.
🔴 Marine Goyer, présidente de la #CR05 : “On assiste à une sanctuarisation des cours d'eau ; ça vient menacer notre outil de travail. On s'est proposé aujourd'hui de donner un coup de main aux services de l'état qui ne sont plus capable d'assurer l'entretien de ces cours d'eau… pic.twitter.com/HtqG9cWioR
— Coordination Rurale (@coordinationrur) November 24, 2024
La Confédération paysanne poursuit ses actions
Opposée depuis des décennies au libre-échange, la Confédération paysanne continue ses mobilisations contre le Mercosur et « pour la défense du revenu paysan » et la transition agroécologique. Elle prévoit notamment une mobilisation dans un supermarché dans l'Essonne ce lundi et une action anti-Mercosur en Dordogne mardi.
🔎 Pour comprendre pourquoi la @ContPaysanne est contre le #Mercosur ET contre TOUS les accords de libre-échange, retrouvez-nous samedi 23 novembre sur 🎙@franceinter vers 19h55 et sur🎙@francebleu vers 20h55. pic.twitter.com/lCFzC8x2gf
— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) November 22, 2024
Vendredi, la tension est brusquement montée entre la FNSEA et la Coordination rurale, quand une cinquantaine d’adhérents du Lot-et-Garonne ont perturbé un déplacement d’Arnaud Rousseau à Agen. Dans une atmosphère électrique, les militants aux bonnets jaunes ont hué le patron de la FNSEA et menacé de l’empêcher de sortir, avant de le laisser rejoindre son véhicule sous escorte policière.
Le président de la FNSEA, dans une déclaration à l’AFP, a déploré des « méthodes lamentables » et des « menaces pas acceptables », estimant que cette recherche de « l’escalade » ou du « buzz » ne faisait « pas avancer le projet agricole ».
Les élections aux chambres d’agriculture en ligne de mire
Cette confrontation intervient à quelques semaines du scrutin visant à élire les chambres d’agriculture départementales. La Coordination rurale, qui en préside trois actuellement, dont celle du Lot-et-Garonne depuis deux décennies, espère ravir « 15 à 20 chambres » supplémentaires.
Dans ce climat tendu, le gouvernement assure que la France progresse dans la construction d’une minorité de blocage à l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur. Après l’Italie, la Pologne a exprimé son rejet vendredi.
Un débat suivi d’un vote sur ce traité de libre-échange, que la France rejette en l’état, est prévu à l’Assemblée nationale le 26 novembre. Et la ministre française de l’Agriculture, Annie Genevard, a promis de s’attaquer au dossier des pesticides interdits et de nouvelles annonces dans les prochains jours sur « la simplification ».