« On a implanté de l’engrais vert sur les 8 ha de la ferme, dès le lancement, il y a 12 ans. Et depuis, on ne s’est plus arrêté ! », s’exclame Philémon Daubard, chef de culture à Terra Ferma. Ce jardin bio d’insertion par l’activité économique produit des fruits et légumes sur 8 ha en plein champ et 6 500 m2 d’abris froids.

Les engrais verts, assez généralisés ici, permettent de « restituer au sol au moins ce qu’on lui prend, voire plus », explique Jean-Christophe Grolleau, animateur technique maraîchage au GAB des Hautes-Pyrénées et en charge du groupe Dephy maraîchage diversifié du Gers. En 12 ans, les sols de Terra Ferma sont passés de 1,9 % à 2,9 % de matière organique, « principalement grâce aux couverts. C’est un investissement sur le long terme. »

Densité importante

Terra Ferma implante surtout des couverts en automne-hiver. « Je mets un mélange de féverole (pour l’azote), de vesce (qui couvre bien le sol et apporte de l’azote) et d’avoine (qui structure le sol et apporte de la biomasse) », indique Philémon Daubard. Il sème 240 kg/ha, avec 45 % de féverole, 15 % de vesce et 40 % d’avoine. Une densité importante, « mais je préfère en mettre davantage pour assurer le coup », témoigne le maraîcher. Toujours pour garantir sa réussite, il s’est progressivement orienté vers des semenciers professionnels.

Il sème ces couverts en plein champ entre mi-septembre et mi-octobre sur les surfaces qu’il peut libérer suffisamment longtemps (3 ha cette année). Ensuite, « on n’y touche plus… Il n’y a que l’année dernière où, entre-temps, j’ai dû arroser. »

Du sorgho sous abris froids

La destruction a lieu fin mars ou début avril. « Le schéma est classique : au girobroyeur, on le broie, on le laisse sécher une semaine à 10 jours, puis on l’incorpore », détaille Philémon Daubard. La ferme utilise, à cette étape, un rotovator en surface. L’itinéraire est un peu différent sur les planches dont il n’a pas besoin dans les trois semaines suivantes. Dans ce cas, les couverts sont couchés avec un rouleau Faca et laissés sur place, puis l’avoine, qui se relève, est broyée.

Philémon Daubard implante des engrais d’été sous abris froids, sur 600 m2. Il sème ainsi du sorgho fourrager à la volée, le 15 juin. Il l’arrose, environ 10 mm par semaine jusqu’à la levée. Il le broie à ras début août et, pour accélérer sa dégradation, arrose 80 mm après bâchage. « Plus la biomasse est importante, plus la dégradation est lente », éclaire-t-il. Il implante également de la crotalaire (légumineuse) durant 2,5 à 3 mois. « Elle est pleine d’azote si on la laisse assez longtemps », se félicite-t-il. Là aussi, les doses sont assez importantes : 80 kg/ha pour le sorgho et 70 kg/ha pour la crotalaire.