Les agriculteurs bio du Gers organisaient voilà peu une formation sur les couverts végétaux, avec des conseils qui s’adressaient également aux producteurs conventionnels. « Les intérêts des couverts sont nombreux, souligne Pierre Boudes, chargé de mission pour l'agroécologie à LIA, un groupement d’intérêt public (GIP) occitan. On peut citer la lutte contre l’érosion, l’infiltration de l’eau et l’apport d’azote. » Quatre types de semis des couverts sont possibles.

D’abord, les semis sous couverts dans la culture précédente. Dans ce cas, l’objectif peut être de « conserver un sol couvert après la récolte de la culture principale », indique-t-il. Et l’expert de rappeler : « Le choix de l’espèce est important mais sa variété aussi. » Des tests ont en effet permis de conclure que, pour « des semis à la volée, ou à la herse étrille équipée d’un semoir, ce qui fonctionne bien au stade redressement de la céréale à paille, c’est le trèfle violet, assure Frédéric Robert, responsable du pôle des territoires et des transitions à LIA. Si on a un peu d’eau, ça passe, et le coût est intéressant. »

Stratégie opportuniste

Ensuite, les couverts estivaux. Deux clés de réussite de ces implantations : le semis direct et 48 heures au maximum après la récolte précédente, pour avoir des sols frais et les plus humides possibles. Cela dit, la stratégie ne peut être qu' « opportuniste » : « S’il n’y a pas de pluie annoncée, ce n’est pas la peine d’essayer », tranche Guillem Benet, chargé de mission pour l'agroécologie à LIA. Le GIP occitan a observé que le sorgho, notamment Piper, est l’espèce qui se comporte le mieux durant les étés secs et chauds de la région. Cela dit, le sorgho peut provoquer une « faim d’azote ». D’où de nombreux tests réalisés en association avec des légumineuses. Nouveau souci : ces dernières s’implantent mal en été. « Les trèfles d’Alexandrie et perse se démarquent » mais la réussite est aléatoire… Comme pour l’ensemble des couverts estivaux en Occitanie.

Compétition avec les adventices

Troisième type : les couverts d’automne précoces. Il s’agit, là, de semer de la fin d'août au début d'octobre, dès que la pluie est annoncée. « Il y a une diversité de familles et d’espèces qui s’implantent très bien durant cette période », se félicitent les spécialistes. Les crucifères (comme la moutarde blanche, le radis fourrager, radis chinois) couvrent rapidement le sol à l’automne et exercent une compétition avec les adventices. Mais elles peuvent entraîner un manque d’azote pour les cultures suivantes.

« On conseille donc de les associer aux légumineuses, en faisant des mélanges assez simples (vesces, trèfles) », indique Guillem Benet. De leur côté, les graminées (seigle fourrager, avoine brésilienne, avoine blanche…) « produisent une forte biomasse, structurent le sol » et entrent en compétition avec les adventices. Néanmoins, les graminées maintiennent la pression en maladies des céréales à paille et sont plus difficiles à détruire.

Enfin, les couverts d’automne tardifs. On parle là d’une implantation du début d'octobre au début de novembre. Dans cette période, la féverole est l’espèce qui se comporte le mieux. Néanmoins, elle concurrence peu les adventices, notamment le ray-grass. Il est peut-être intéressant de l’associer à de la phacélie, à une crucifère ou une graminée pour réduire la pression.