L’été demeure sans nul doute la période la plus compliquée pour semer des couverts. Or avec le changement climatique, il devrait y avoir une fréquence plus élevée d’étés chauds et secs. Cela ne devrait pas faciliter la tâche, notamment pour les cultures intermédiaires, déjà compliquées à implanter ces dernières campagnes.
Essayer de préserver l’humidité du sol
« Il n’existe pas forcément de techniques miraculeuses », constate Jérôme Labreuche, ingénieur agronome chez Arvalis. Toutefois parmi les voies d’adaptation, entre autres « derrière » une céréale à paille, il faut essayer de préserver l’humidité du sol. En effet, même avec des conditions caniculaires, il peut rester de l’humidité résiduelle.
Il est alors possible de semer à la volée juste avant la moisson. « On s’est aperçu que les résultats sont meilleurs lorsque l’on intervient dans la semaine qui précède la moisson, plutôt que 1 à 2 mois avant », résume le spécialiste. En effet, au plus près de la récolte, les graines tombent sur un sol plus ou moins frais et une fois la moisson effectuée, un mulch de paille repose dessus. Ce dernier préservera l’humidité et aidera à faire germer le couvert.
« Il ne sera en revanche pas possible d’épandre de petites graines, comme du trèfle, avec des semoirs centrifuges en 24 mètres de largeur ou plus », rapporte Jérôme Labreuche. Mais des techniques existent pour les lester, pour coller grosses et petites graines entre elles, ou encore pour utiliser simultanément plusieurs épandeurs de petite largeur, par exemple.
Préserver l’humidité du sol
En revanche, si l’on intervient juste après moisson, la meilleure stratégie est de semer en semis direct avec un semoir à dents, qui écarte la paille afin de placer la graine dans un sol frais. En effet, travailler le sol provoque une rapide évaporation de l’eau. « Il y a pas mal de semoirs à disques sur le marché mais ils ont tendance à bourrer de la paille dans le sillon et à provoquer des levées plus irrégulières », met-il en garde.
De nombreux couverts, en pur comme en mélange, sont adaptés aux semis d’été (lire l'encadré). Toutefois, il faut éviter ceux qui fleurissent trop vite, comme la moutarde blanche ou le sarrasin car elles monteront vite à graine. Il faut plutôt opter pour des cultures à cycle long capables de passer l’été en conditions stressantes pour redémarrer quand les conditions seront plus favorables à partir de la mi-septembre. On s’orientera alors vers des plantes de type moha, sorgho fourrager, niger, tournesol, phacélie, moutarde d’Abyssinie, variétés tardives de radis fourrager et chinois… Parmi les légumineuses, les trèfles et les vesces (communes, du Bengale, velues…) sont aussi adaptés.
Dans bien des cas, les agriculteurs, qui sèment encore fréquemment à la fin d'août ou au début de septembre gagneraient juste à avancer de 15 jours, voire un mois, leurs semis. « Il y a en effet des marges de progrès possibles sans augmenter les coûts d’implantation tout en allant chercher des niveaux de biomasse plus élevés, pour capter davantage d’azote et globalement plus du carbone », stipule le spécialiste.