Des « fuites colossales ». La filière de la viande bovine bio perd plus de 60 % des mâles, qui finissent dans le secteur conventionnel. C’est ce qui apparaît dans un rapport rédigé par l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab) et l’Institut de l’élevage (Idele) publié le 19 août 2024. Élaboré dans le cadre du programme d’étude « Proverbial », qui a été réalisé de 2021 à 2024, il montre que beaucoup de mâles sont perdus par la filière.

Le nombre d’élevages bovins en agriculture biologique a plus que doublé entre 2010 et 2021, grâce à deux vagues de conversion : 2014-2017 en allaitant et 2015-2018 en lait. En 2021, il y avait 11 500 troupeaux de bovins bio en France, dont 31 % de laitiers, 36 % d’allaitants et 33 % de cheptels mixtes. « Ce potentiel de viande est réparti dans une diversité de taille de ferme qui rend l’organisation de la logistique filière complexe », précisent les auteurs.

52 000 tec par an

La production annuelle de viande bovine bio est de 52 000 tec (tonnes-équivalent carcasse). Elle est issue à 70 % de l’abattage des femelles. Les mâles représentent moins de 30 % des volumes. Une des caractéristiques de la filière est que les carcasses y sont souvent plus maigres, moins conformées et moins lourdes qu’en conventionnel, en particulier celles des animaux laitiers. Une amélioration est cependant observable pour les veaux allaitants, dont les poids d’abattage progressent.

Les mâles ont trois destinations privilégiées : le marché de la reproduction, celui du maigre et celui de la boucherie. 85 % des mâles laitiers quittent leur élevage de naissance pour être engraissés en conventionnel. Ils sont 58 % en système allaitant. Par ailleurs, un quart seulement des élevages allaitants bio finissent au moins 90 % de leurs mâles. À l’opposé, 37 % d’entre eux en finissent moins de 10 %. Ce chiffre monte à 70 % en élevage laitier. Pour les fermes qui finissent presque tous les mâles, 50 % sont abattus en tant que veaux (plus de 6 mois), 25 % comme bœufs (2 à 4 ans) et 15 % comme jeunes bovins.