En France, le cheptel de vaches continue sa décroissance. D’après l’Institut de l’élevage (Idele), le 1er août dernier, le nombre de mères allaitantes était inférieur de 2,8 % à celui de 2022, soit un recul de 98 000 têtes sur un an, et de 360 000 têtes par rapport à 2019. Même tendance du côté des vaches laitières. Au 1er août, elles étaient 2,2 % de moins qu’en 2022. C’est une baisse de 74 000 animaux sur un an, et de 270 000 animaux par rapport à 2019. Pour les troupeaux laitiers comme allaitants, sur les douze derniers mois, « c’est le fort recul des entrées de génisses dans les troupeaux qui a été le principal moteur de la baisse du cheptel », explique l’Idele.

D’après l’Institut de l’élevage (Idele), le 1er août dernier, le nombre de vaches allaitantes était inférieur de 2,8 % à celui de 2022 en France.

Les jeunes bovins résistent

Sans surprise, les abattages sont en berne. En cumul de janvier à août 2023, ils se replient de 6,2 % pour les vaches allaitantes, et de 4,6 % pour les vaches laitières, par rapport à la même période en 2022, selon les données de FranceAgriMer. Les jeunes bovins s’en sortent mieux, avec une sensible progression de 0,9 % des effectifs abattus sur les huit premiers mois de l’année.

Pour les jeunes bovins de race à viande, les abattages de 2022 étaient « bien en deçà de la moyenne des années précédentes », relève Baptiste Buczinski, agroéconomiste à l’Idele. Pour le spécialiste, le regain observé cette année s’explique notamment par « la hausse des mises en place il y a plusieurs mois à partir de broutards alors que le cours des jeunes bovins semblait plutôt porteur ».

Par ailleurs, « Interbev fait état d’un relativement fort taux de contractualisation dans cette catégorie et ce type, mais qui reste bien moins important qu’en jeunes bovins de race laitière, pour lesquels les contrats pour la restauration rapide restent porteurs ».

En conséquence de disponibilités limitées, les cotations restent bien orientées pour les vaches de type viande. Il en est de même pour les laitières, dont la forte baisse des réformes à l’été 2023 a permis un redressement des cours. « Ils restent néanmoins inférieurs à leur niveau de 2022, les industriels de la viande subissant la concurrence croissante des viandes d’importation », note l’Idele. Au début de septembre, la cotation de la vache O s’établissait à 4,94 €/kg de carcasse (kgc) (–2 % sur un an, +40 % par rapport à 2021) et celle de la vache P à 4,75 €/kgc (–3 % sur un an, +41 % par rapport à 2021).

Les cotations des vaches sont soutenues par les disponibilités limitées.

Coûts de production élevés

Les cours des jeunes bovins ont également profité du reflux de femelles sur le marché français pendant l’été. Ils ont ensuite « entamé leur remontée saisonnière dans le sillage des prix italiens ». En semaine 36 [du 4 au 10 septembre], les jeunes bovins U cotaient à 5,29 €/kgc (+1 % sur un an, +27 % par rapport à 2021) et les jeunes bovins O à 4,91 €/kgc (–1 % sur un an, +41 % par rapport à 2021). « La concurrence des viandes polonaises et allemandes sur les marchés à l'exportation complique toutefois la tâche des opérateurs », observe le Idele.

Du côté des éleveurs, la hausse des prix « est toujours à relativiser au regard du niveau des charges de production qui demeure élevé », souligne FranceAgriMer. De janvier à juillet, l’Ipampa (1) viande bovine s’est néanmoins replié de 2,6 % par rapport à 2022, grâce à une baisse des postes « aliments achetés » et « énergie et lubrifiants ». Ce dernier est cependant « reparti à la hausse depuis mai ».

(1) Indice des prix d’achat des moyens de production agricole.