« Mon contrat avec la coopérative a permis d’assurer un revenu, le temps de construire mon projet d’installation », s’est réjoui Alban Nicolas, jeune agriculteur de 20 ans, lors d’une conférence organisée par Interbev au Space, ce mardi 12 septembre 2023. Jusqu’ici employé sur la ferme familiale laitière, Alban a eu pour ambition, l’année dernière, de créer un atelier allaitant pour s’installer individuellement.

20 installations sous contrat

« Les banques ne voulaient pas nous soutenir, elles ne croyaient pas en mon projet », regrette-t-il. Eric Le Borgne, directeur de la coopérative agroalimentaire Eureden, a appuyé la candidature du jeune bachelier professionnel, en lui proposant un contrat sur cinq ans. « C’est un contrat tripartite. Nous y intégrons les coûts de production, qui sont recalculés tous les trimestres », explique Eric Le Borgne.

Ces contrats sont, selon la coopérative, un moyen de pérenniser les élevages, mais aussi d’assurer leur reprise. « Nous avons une vingtaine de projets d’installation qui aboutiront dans les douze à quatorze mois à venir », déclare le directeur d’Eureden. Cette méthode ne date pas d’hier.

Avec un boucher

Dans le Maine-et-Loire, Sébastien Rambaud, boucher à Cholet, travaille avec le même agriculteur depuis 1999. « J’aurais aimé contractualiser avec lui, mais il part à la retraite. Alors, je me tourne vers des jeunes installés », explique le boucher. Un double renouvellement de générations puisqu’il anticipe la vente de son magasin.

« J’aimerais assurer l’approvisionnement de mon successeur », poursuit-il. Une contractualisation en deux parties, entre l’éleveur et le boucher directement. Le transport et l’abattage sont effectués par une organisation de producteurs, en prestation de service. Cette association met en lien bouchers et éleveurs, et favorise la création de contrats.

Libre de fixer les prix

Hugues Lemesles, éleveur de limousines dans le Maine-et-Loire, travaille avec la même association. « Je m’engage auprès du boucher à lui fournir mes meilleures vaches bouchères. Nous sommes trois éleveurs à le livrer, et nous lui demandons les meilleurs prix. » Leur contrat de trois ans fonctionne par tunnel de prix, avec une valeur basse (5 €/kg de carcasse) et haute (7 €/kg de carcasse).

L’œil du boucher est indispensable dans la sélection des animaux. « Il passe sur l’exploitation tous les mois, et nous choisissons les animaux à contractualiser ensemble, en fonction de ses besoins », explique l’éleveur. L’évolution des coûts de production n’est pas détaillée dans l’accord, car les collaborateurs « partent du principe qu’une relation de confiance est déjà établie ».