La Chine s’est finalement prononcée et a annoncé ce mardi 16 décembre 2025 imposer des droits « antidumping » allant de 4,9 % à 19,8 % sur le porc européen et ses sous-produits importés à partir de mercredi 17 décembre et pour une durée de cinq ans, nouvelle manifestation des tensions commerciales entre Pékin et l’Union européenne.
Les autorités chinoises chargées d’une enquête ouverte en juin 2024 « sont arrivées à la conclusion que le porc et les produits à base de porc importés de l’Union européenne donnaient lieu à des pratiques de dumping, que l’industrie nationale (chinoise) a subi des dommages importants et qu’il existait un lien de causalité entre le dumping et ces dommages importants », a indiqué le ministère du Commerce dans un communiqué.
« Les droits antidumping sur certaines viandes de porc et certains sous-produits porcins importés originaires de l’Union européenne s’appliqueront pour cinq ans à compter du 17 décembre 2025 », précise le communiqué. La Chine avait annoncé le 5 septembre dernier des droits provisoires sur le porc européen en attendant la conclusion de ses investigations. Ces droits étaient alors compris entre 15,6 % et 62,4 %, à déposer sous forme de cautions auprès des Douanes.
Espagne et France principaux exportateurs
La Chine avait lancé ces investigations peu de temps après l’annonce par l’Union européenne de sa volonté d’imposer des droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques fabriqués en Chine qui se déversent sur le marché européen et concurrencent les constructeurs du continent. Les Européens dénoncent la concurrence déloyale selon eux que représentent les subventions versées par l’État chinois à l’industrie automobile nationale.
Outre le porc, la Chine avait lancé des enquêtes visant le cognac et les produits laitiers en provenance de l’Union européenne.
La Chine est la première consommatrice mondiale de porc, une viande très utilisée dans la cuisine locale. Elle a par exemple importé l’année dernière pour 4,3 milliards de yuans (516 millions d’euros) de produits porcins en provenance d’Espagne, l’un des principaux producteurs européens, selon les Douanes chinoises. La France a exporté en 2024, 115 000 tonnes de porc vers la Chine, de loin son premier marché à l’étranger puisqu’il représente environ un sixième du total exporté.
Des taxes sur fonds de tensions commerciales
Les professionnels espagnols mais aussi français s’étaient émus de l’imposition de droits sur le porc en septembre, estimant faire les frais des autres litiges commerciaux entre la Chine et l’Union européenne. Ils se défendent des pratiques de dumping, faisant valoir que les consommateurs chinois paient plus cher que les consommateurs européens des produits que ces derniers délaissent comme les pieds ou les oreilles de cochon.
Le porc n’est que l’un des motifs de crispation entre l’Union européenne et la Chine, avec un déficit commercial massif de 357,1 milliards de dollars en défaveur de l’Union européenne mais aussi des divergences de fond sur l’Ukraine par exemple. La Chine ne donne aucun signe d’accéder aux pressions de l’Europe pour qu’elle use des relations avec la Russie afin que celle-ci mette fin à la guerre en Ukraine.