Le moins que l’on puisse dire est que la ministre de l’Agriculture n’a pas fait l’unanimité. Ou plutôt, en Occitanie, sa stratégie sanitaire pour combattre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) continue de galvaniser ses opposants. Ce lundi 15 décembre 2025 en fin d’après-midi, Annie Genevard a pourtant voulu rassembler largement, des syndicats agricoles aux élus de la région, en passant par les acteurs du milieu de l’élevage, en préfecture de Toulouse.
Une ministre qui défend la stratégie du gouvernement
L’objectif premier de la ministre : « rappeler que le protocole » mis en place par le gouvernement est « robuste, solide, adopté dans tous les pays qui connaissent la maladie ». Annie Genevard a accédé à ce qu’elle appelle « une demande importante du terrain » : les différentes aides financières versées aux éleveurs touchés par un « dépeuplement » seront défiscalisées.
Autre concession : le périmètre de la vaccination, déjà élargi, pourrait encore s’agrandir. « J’ai notamment entendu des demandes pour le Tarn et l’Hérault. J’ai demandé aux acteurs de me préciser leur demande par écrit », a temporisé Annie Genevard. Et d’ajouter qu’elle a « commandé un million de doses, que nous devrions avoir rapidement. Vacciner 600 000 à un million de bovins est un défi immense. »
La revendication principale des manifestants porte sur un protocole alternatif, comprenant notamment un abattage sélectif, réservé aux animaux malades. « Je vais demander aux meilleurs scientifiques, indépendants, d’étudier la solidité de ce protocole, a répondu la ministre. Et qu’ils puissent rentrer en relation avec des représentants des éleveurs de cette région pour qu’un dialogue s’installe. En venant ici, je savais que l’émotion serait forte, l’attente énorme. Mais en matière sanitaire, on ne peut pas agir dans la précipitation. »
« Rien de positif »
Ces arguments n’ont pas convaincu les représentants des manifestants, présents en préfecture. « Elle tente de gagner du temps alors que nous posons ces questions depuis les premiers cas en Savoie, regrette Jonathan Kirchner, secrétaire général de la Confédération paysanne de Haute-Garonne. Mais on n’a toujours pas de réponse… »
« Elle n’a rien changé à son protocole, renchérit Maxime Rau, président de la Coordination rurale de Haute-Garonne. Donc il y a des chances qu’on passe Noël dans la rue. Toute l’intersyndicale pense qu’il n’y a rien de positif dans ces annonces. » En Haute-Garonne, La Coordination rurale, la Confédération paysanne, la FDSEA et JA ont signé un communiqué commun appelant à la mise en place de ce « protocole expérimental » alternatif.
« La ministre ne revient pas sur l’abattage total, ce qui est l’élément crucial, donc la mobilisation continue, résume Luc Mesbah, secrétaire général de la FDSEA de Haute-Garonne. Par ailleurs, elle dit qu’elle accélère sur la vaccination mais sans donner de date. » Plusieurs blocages de routes et autoroutes se poursuivaient ce 16 décembre au matin, la voie ferroviaire Toulouse-Castelnaudary étant aussi à l’arrêt du fait d’un blocage. « Par entêtement, le gouvernement va entraîner une agrégation des mécontentements, bien au-delà du monde agricole », prévient Jonathan Kirchner.