De janvier à la mi-avril 2023, la France a exporté 347 000 bovins de 4 à 16 mois de race à viande, toutes destinations confondues, rapporte l’Institut de l’élevage (Idele). C’est une baisse de 6 % par rapport à 2022, soit 22 000 têtes de moins. « Le recul des exportations est bien lié une baisse de la disponibilité en broutards », assure Ilona Blanquet, économiste à l’Idele. Depuis le début de l’année, les effectifs de mâles allaitants de 0 à 6 mois sont en baisse de 75 000 têtes (–8 %). Pour les sujets de 6 à 12 mois, « les naissances dynamiques de la fin de l’année 2022 et le tassement des exportations ont permis de garder des effectifs stables au 1er avril 2023, à 495 000 têtes ».
Ventes contrastées
En cumul sur janvier et février 2023, les ventes vers l’Italie — plus important débouché du maigre français — ont progressé de 3 % pour les mâles, mais ont chuté de 12 % pour les femelles. « Le marché italien de la génisse est compliqué par l’inflation, la baisse du pouvoir d’achat des ménages et les envois de viande espagnole et irlandaise », analyse l’Idele.

S’agissant de l’Espagne, la deuxième destination des broutards français à l’exportation, la situation est également contrastée. Les mâles de plus de 300 kg sont désormais préférés aux légers. Leurs envois ont doublé en février dernier, alors que ceux de broutards de moins de 300 kg ont reculé de 12 %. D’après Ilona Blanquet, « la sécheresse en cours en Espagne pourrait encourager l’achat d’animaux plus lourds pour réduire leur temps d’engraissement ».
Quant aux pays tiers, les envois demeurent incertains. « Les opérateurs attendaient de nouvelles licences d’exportation vers l’Algérie pour la mi-mai, aucun renouvellement n’ayant eu lieu depuis le début de l’année 2023. Celles-ci se font toujours attendre », observe l’Idele.
Cours soutenus
Dans ce contexte, les cours se stabilisent à un niveau soutenu. En semaine 19, du 10 au 14 mai 2023, la cotation du charolais U de 350 kg s’affichait à 3,57 €/kg vif. C’est 4 % au-dessus de son niveau de 2022 et +36 % par rapport à 2021. Les prix des mâles croisés R de 300 kg se stabilisaient à 3,18 €/kg vif (+6 % sur un an) et ceux des limousins E de 350 kg s’échangeaient à 3,80 €/kg (+14 % par rapport à 2022).

Les prix des femelles sont aussi bien orientés. Lors de la même semaine, les limousines E de 270 kg valaient 3,40 €/kg (+6 % sur un an). En semaine 17, du 24 au 30 avril, les charolaises U du même poids se commercialisaient à 3,27 €/kg (+9 % par rapport à 2022).
Pour autant, les trésoreries restent sous tension dans les élevages. D’après l’indicateur calculé par l’Idele pour le compte de l’interprofession du bétail et des viandes (Interbev), le prix de revient des broutards était estimé à 4,05 €/kg vif au second semestre de 2022.