Les lignes directrices de l’avenir de la production laitière au niveau mondial se dessinent, à l’occasion de l’ouverture du Sommet mondial du lait, qui se tient à Paris du 15 au 18 octobre 2024. « L’Inde est le premier producteur mondial, constate Christophe Lafougère, directeur de Gira, société de stratégie et de prospective dans le secteur de l’agroalimentaire. Si aujourd’hui la consommation se fait principalement à l’intérieur du pays, il pourrait devenir un exportateur majeur dans les prochaines décennies. »
Le constat est sans appel : une croissance intérieure de 5 % par an de la production laitière indienne est attendue dans les prochaines années. À titre de comparaison, le reste du monde connaîtra une augmentation de sa collecte de 0,8 % par an jusqu’en 2029. Et l’Océanie pourrait même prendre la pente descendante.
Davantage de fromages
Pourtant, la consommation de produits laitiers augmente tous les ans, soutenue par les continents en développement que sont l’Asie et l’Afrique. « L’appétit pour les protéines laitières devrait continuer à augmenter, et nous aurons assez de stocks pour y répondre. Le marché ne s’effondrera pas », prédit Christophe Lafougère.
La croissance de la consommation de fromages est un autre phénomène notable. « Dans les années à venir, nous produirons moins de lait dans les bassins traditionnels (Océanie, Europe, États-Unis), mais de plus importants volumes seront alloués aux produits fromagers (+1,1 % entre 2024 et 2029) », explique le directeur de Gira.
« La Chine produira plus de crème »
Une autre pièce majeure de l’échiquier, la Chine, dont la stratégie est orientée vers la hausse de sa collecte laitière locale. Le pays importe toujours beaucoup de crème en provenance de la Nouvelle-Zélande et de l’Europe, mais augmente au fur et à mesure sa production intérieure. « La Chine produit également de plus en plus de fromages, pour compenser la stagnation de la production européenne et néo-zélandaise, décrypte Christophe Lafougère. On peut parler d’une stratégie tournée vers les produits à forte valeur ajoutée. »
Résultat, les importations de matières grasses chinoises devraient baisser dans les cinq prochaines années, de 4 % par an pour la crème, pendant que celles de fromages continueraient à progresser mais de façon moins soutenue : de 4 % par an au lieu des 9 % actuels. Aujourd’hui, l’Asie représente 36 % de la production mondiale de lait.