Sans grande surprise, la chute des cours du pétrole, consécutive à l’annonce d’une trêve entre l’Iran et Israël, a entraîné celle des denrées agricoles. Ainsi, à la Bourse de Chicago, les cours des trois principales graines ont reflué.
En premier lieu le blé, clôturant mardi à 5,35 dollars le boisseau (environ 27 kg), en baisse de près de 7 % en une semaine. Le maïs a lui terminé à 4,15 dollars le boisseau (environ 25 kg), au plus bas depuis décembre. Quant au soja, qui avait largement profité la semaine dernière de l’annonce de la hausse du quota annuel d’incorporation de biodiesel (+8 %) dans les carburants traditionnels aux États-Unis, il s’échangeait autour de 10,46 dollars, soit son niveau d’il y a une dizaine de jours.
Sur le marché européen, les cours des blés, maïs et colza étaient dans le rouge mercredi, dans un mouvement de baisse de moindre ampleur que les jours précédents. « Les deux moteurs du rebond significatif de la semaine dernière ont disparu : le risque d’escalade lié au conflit au Moyen-Orient et les inquiétudes météo », a relevé Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media France.
Sur le front du climat, le plus sensible pour les productions, il rappelle que de « grosses intempéries avaient ralenti la récolte des blés d’hiver aux États-Unis », tandis que les fortes chaleurs en France nourrissaient des « inquiétudes pour la moisson » de blé.
Inquiétudes « modérées » en France
Depuis, la météo est redevenue favorable des deux côtés de l’Atlantique. « Une température élevée est prévue pour les prochains jours » et « elle sera la bienvenue dans les régions qui ont connu des pluies excessives », notamment le Kansas, a indiqué Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors, qui ne voit pour l’heure « pas de menace » météorologique sur les cultures.
Pour Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting, les cours des céréales ont « été très fortement influencés […] par ce qui semble être davantage un mouvement de vente à l’échelle du secteur des matières premières, mené par le brusque changement de tendance à la baisse du pétrole brut ». « Le blé, en particulier, est confronté à la pression de (bonnes) récoltes dans l’hémisphère Nord, sur les trois continents, aux États-Unis, en Europe et en Chine. » Or une offre importante et de qualité est synonyme de baisse des prix.
En France, premier pays producteur de l’Union européenne, la production de blé s’annonce meilleure cette année, en dépit de petites inquiétudes liées à l’actuelle vague de chaleur. « Ces inquiétudes sont modérées par le fait que l’on commence à avoir de premières estimations des rendements de la moisson d’orge, qui a débuté il y a une semaine, et qui s’annoncent très satisfaisants », selon Sébastien Poncelet.
Safrinha prometteuse
Le maïs, qui a aussi reflué en sympathie avec le blé, voit ses cours tirés vers le bas par des prévisions météorologiques qui « se sont améliorées » : « Il n’y a pas de réelle menace alors que nous entrons dans la phase de pollinisation de la culture du maïs », relève Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX Financial.
Le prix du grain jaune continue d’être plombé par les prévisions de récolte au Brésil. L’analyste AgroConsult vient de remonter son estimation de récolte de la safrinha (la plus importante récolte de maïs au Brésil), portée à 123,3 millions de tonnes (Mt) (alors qu’il prévoyait environ 113 Mt en mai) du fait des conditions météo favorables, en particulier les pluies abondantes en avril et mai.