La parité Euro Dollar casse son support des 1,1300 pour revenir sur ses plus bas depuis le début du mois d’avril. Si ce facteur apporte un peu de soutien aux matières premières européennes, l’amélioration des conditions de cultures en mer Noire et aux États-Unis rassurent du côté de l’approvisionnement mondial de blé. Au sujet du maïs et du soja, les semis américains progressent rapidement à l’heure ou l’USDA publiera lundi 12 mai prochain son premier bilan de 2025-2026.
Amélioration des conditions pour le blé aux États-Unis et sur la mer Noire
La morosité persiste sur le marché du blé à l’approche de la fin de campagne. En ancienne comme en nouvelle récolte, le blé meunier rendu Rouen marque de nouveaux plus bas de campagne sous les 200 €/t. Le marché peine à trouver un point d’équilibre dans un contexte de manque de demande et d’amélioration des conditions de cultures aux États-Unis comme sur le bassin de la mer Noire.
À ce premier sujet, l’origine américaine signe tout de même sur la campagne 2025-2026 des ventes exports très satisfaisantes et au-dessus de la fourchette des attentes à 493 000 tonnes hebdomadaire. Au Canada, StatCan actualise son estimation de stocks arrêtée au 31 mars. Ces derniers sont évalués à 13,4 millions de tonnes soit sur des niveaux proches de la précédente campagne à cette même période de l’année.
Il sera également intéressant de recroiser ces attentes avec celles du département de l’agriculture des États-Unis (UDSA) qui publiera lundi prochain son habituel rapport WASDE. Les opérateurs surveilleront attentivement l’évolution des stocks de fin de campagne chez les principaux pays exportateurs mais aussi les premières attentes du ministère de l’agriculture américain sur la campagne 2025-2026.
Aux États-Unis, l’amélioration des conditions de culture de blé d’hiver devrait soutenir les perspectives de production. 51 % des blés sont jugés dans un état bon à excellent, soit 9 points de plus qu’en moyenne à date ces cinq dernières années. En mer Noire, le retour des pluies dans des régions touchées depuis plusieurs semaines par la sécheresse rassure également.
Pour le moment, l’ensemble des territoires roumains, ukrainiens et du sud de la Russie n’ont pas encore profité des averses attendues mais les modèles restent favorables à huit jours. Enfin, l’Europe est coupée en deux entre une sécheresse persistante au Nord et des pluies toujours supérieures aux normales de saison dans le Sud.
Avancée rapide des semis d’orge américains
Le maïs américain reste attractif à l’échelle internationale. Pour la 4e semaine consécutive, les ventes exports hebdomadaires américaines dépassent le million de tonnes en atteignant cette semaine 1,663 million de tonnes en 2024-2025. L’objectif annuel export relevé par l’USDA dans son dernier rapport pourrait déjà être réévalué dans sa publication de lundi prochain.
Depuis plusieurs semaines, le ministère de l’agriculture américain publie en plus de cela de nouvelles ventes exceptionnelles sur la prochaine campagne. Le 8 mai, 165 000 tonnes supplémentaires ont été déclarées par l’office américain à destination du Mexique. Ce dernier traverse une sécheresse historique qui devrait pousser le premier acheteur mondial à importer sur la campagne 2025-2026 près de 25 millions de tonnes de maïs. Sur le plan géopolitique, les menaces de Donald Trump sur la mise en place de droits de douane à l’encontre du Mexique et du Canada n’ont pas d’impact sur le commerce tant que l’accord Canada – États-Unis – Mexique (USMCA) reste en place.
Néanmoins, ce plan visant à faciliter les échanges entre les pays Nord-américain sera soumis à rediscussion dès 2026. L’avancée des récoltes dans l’hémisphère sud sera une solution à l’approvisionnement mondial du marché. En Argentine, la bourse de Buenos Aires estime à 34,9 % l’avancée de la moisson, contre 31,3 % la semaine dernière.
Les opérateurs surveilleront attentivement le premier bilan 2025-2026 publié par l’USDA le 12 mai prochain. Au sujet du maïs, c’est avant tout les perspectives de production aux États-Unis qui sont attendues après que le ministère de l’agriculture américain ait estimé la sole en février dernier à 94 millions d’acres.
Outre ces attentes, les producteurs dans une majeure partie des États profitent d’un climat sec depuis plusieurs semaines favorables à une avancée rapide des semis. 40 % de la sole est maintenant emblavée contre 39 % en moyenne à date ces cinq dernières années. Ainsi, le maïs Fob Bordeaux se replie sur ses plus bas de campagne en récolte 2024 de -7 €/t, à 185 €/t.
Canal de prix en place en nouvelle récolte en colza
Le marché du colza retrouve des éléments de fermeté. La variation hebdomadaire s’affiche en hausse de 9 €/t pour revenir à 477 €/t FOB Moselle pour la récolte 2025. Il faut dire que les prix de la nouvelle campagne évoluent depuis maintenant deux mois dans le canal situé entre 460 €/t et 490 €/t. Cette semaine, StatCan a publié les stocks canadiens arrêtés au 31 mars.
Les disponibilités de canola ressortent à seulement 5,8 millions de tonnes, très loin des 11,3 millions de tonnes en septembre 2024 et surtout en baisse de 39 % par rapport à l’an passé à cette date. Les exportations dynamiques depuis le début de la campagne et la croissance de l’activité de trituration ces dernières années entraînent les stocks sur de faibles niveaux.
Le marché du canola en profite pour repasser au-dessus de la zone psychologique de 700 CAD$/t à Winnipeg, de retour sur des plus hauts depuis avril 2023. Désormais, l’évolution des semis et le développement des cultures seront particulièrement suivis dans les prochaines semaines et aucun incident climatique ne sera permis dans cette partie du globe.
Du côté de l’Europe, les conditions sèches et les gelées des derniers mois ont affecté le développement du colza. La production est progressivement revue en baisse, désormais autour de 3,2 millions de tonnes, contre 3,7 millions de tonnes l’an passé. La fin du cycle sera à suivre à l’heure où l’Ukraine se positionne comme le principal fournisseur de colza en Europe.
Si les disponibilités chez les principaux exportateurs de colza se réduisent, le potentiel de hausse à court terme peut être limité par la lourdeur du complexe soja. Les bonnes disponibilités sud-américaines arrivent sur le marché avec une production record du côté du Brésil. À cela s’ajoute une progression rapide des semis du côté des États-Unis et des conditions climatiques favorables. La période de risques climatiques est loin d’être terminée mais le marché du colza semble pour l’heure bien borné.
Lourdeur des tourteaux de soja
Les prix des tourteaux de soja tentent de se stabiliser avec un rebond hebdomadaire de 3 €/t pour s’afficher à 347 €/t sur le spot délivré Montoir. Pour autant, la tendance baissière reste bien en place depuis plusieurs mois et la lourdeur continue de s’installer sur ce marché. Il faut dire que les disponibilités arrivent depuis plusieurs mois du côté de l’Amérique du Sud.
Les récoltes se poursuivent en Argentine, désormais réalisées à hauteur de 45 % selon la Bourse de Buenos Aires, en retard d’environ deux semaines par rapport à la progression habituelle. Pour autant, les retours de rendement permettent de confirmer les potentiels de production optimistes des opérateurs du marché. La situation est similaire du côté du Brésil, où la production s’approche de 170 millions de tonnes. Il sera intéressant de suivre les nouveaux chiffres de l’USDA et du The National Supply Company (Conab) dans les rapports mensuels de la semaine prochaine. L’activité de trituration continue de s’accélérer et les disponibilités s’annoncent confortables en Amérique du Sud.
Plus au nord, la réduction des surfaces de soja ne semble pas inquiéter les analystes. Les semis progressent rapidement et sont réalisés à hauteur de 30 % au 4 mai, contre 23 % habituellement à cette date. Les conditions climatiques du début du cycle semblent optimales et rassurent les opérateurs du marché. Il faut dire que le soja américain reste pour l’heure compétitif et les ventes à l’export sont toujours plus élevées que la moyenne des dernières années. La semaine dernière, 377 000 tonnes de soja américain ont une nouvelle fois été vendues et les stocks de report seront à surveiller.
Enfin, en Europe, les approvisionnements de soja et de tourteaux sont toujours suivis, notamment en provenance des États-Unis. La période de négociation de 90 jours est en cours concernant de possibles taxations dans les mois à venir. Les disponibilités sont tout de même confortables mais le léger repli de la parité eurodollar qui pourrait limiter le potentiel de baisse.
À suivre : négociations tarifaires avec les États-Unis, évolution de la parité eurodollar, dynamisme des ventes à l’export aux États-Unis, rythme des importations européennes (maïs, colza/canola), dynamisme de la demande mondiale de blé tendre, compétitivité du blé français, développement des cultures en mer Noire, en Europe et aux États-Unis, rapport USDA sur les premières perspectives en nouvelle campagne, progression des récoltes de maïs et soja en Argentine, semis de maïs et soja aux États-Unis, début des semis de canola au Canada.
(1) Société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.