« Les décisions erratiques » de Donald Trump sur le plan commercial « fragilisent l’opinion des investisseurs : ils ne savent plus trop dans quoi investir », commente auprès de l’AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage. Les cours des céréales et oléagineux à l’échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des « craintes financières », selon l’analyste.
Euronext dans le sillage de la Bourse de Chicago
À la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée. Sur Euronext, « les cours suivent Chicago, qui est déprimé », résume Damien Vercambre.
La pause de 90 jours décidée par Donald Trump pour une partie des surtaxes à l’importation, à l’exception de celles visant la Chine, a bouleversé la donne après un début d’année agité. En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d’un accord commercial « équitable » avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d’après un ministre de premier plan.
La guerre commerciale lancée par l’exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145 % de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux États-Unis, et 125 % décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des États-Unis.
Des investisseurs « dans une phase d’attente »
« Un jour ou l’autre, un accord sera conclu avec la Chine », assure l’analyste américain Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors. Mais si le ton de l’administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.
« Nous sommes dans une phase d’attente et d’hésitation en ce moment », les investisseurs « attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale », confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.
« Il y a (cette) peur que l’économie capote, comme […] en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, NDLR) où les prix du soja et du maïs aux États-Unis s’étaient cassés la figure, avant qu’il y ait une réconciliation avec la Chine », rappelle Damien Vercambre.
L’influence des fondamentaux
Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.
Aux États-Unis, les acteurs du marché sont « moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d’un temps sec » notamment « pour la Corn Belt américaine ». Cela pousse le maïs américain à de « nouveaux plus bas sur deux semaines », explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.
« Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud », participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.
Sur le Vieux Continent, « les perspectives de production pour la nouvelle campagne […] sont aussi meilleures », observe Damien Vercambre. Plus précisément, « le sud de l’Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l’humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures », selon un rapport de la Commission européenne.
Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l’Europe, « les conditions sèches prédominent », ce qui pourrait « nuire au développement des cultures d’hiver ».