En 2023-2024, la France a exporté 3,5 millions de tonnes de pommes de terre, pour un total de près de 1,2 milliard d’euros : deux nouveaux records, qui s’inscrivent dans une hausse tendancielle. La hausse est marquée sur un an, avec +10 % en volume et +28 % en valeur.

Changement climatique

Selon François-Xavier Broutin, responsable des affaires économiques au Comité national interprofessionnel de la pomme de terre (CNIPT), cette dynamique s’explique à la fois par des éléments conjoncturels et structurels.

Avec 6,8 millions de tonnes, « la production de 2023 a été au rendez-vous », retrace-t-il. À cela s’ajoutent des baisses sensibles de récolte dans plusieurs pays voisins, comme l’Espagne ou les Pays-Bas. Il estime que certains présentent des difficultés en lien avec le changement climatique. La demande pour les pommes de terre industrie est également à la hausse en tendance.

Un début de campagne dans la même dynamique

Ces « très bons chiffres » de l’exportation hexagonale reflètent « une reconnaissance de la qualité de l’offre française », juge François-Xavier Broutin. Et d’insister sur la diversité des segments proposés, la qualité du stockage, ou encore le professionnalisme de la filière. François-Xavier Broutin rappelle néanmoins aux producteurs qu’il est nécessaire d’être prudents pour la campagne de production de 2025 afin d’éviter toute surproduction.

En ce qui concerne la commercialisation de la récolte de 2024, dont les volumes sont provisoirement estimés en hausse par rapport à 2023, « on aurait pu craindre un déséquilibre entre l’offre et la demande ». Mais pour l’heure, « il n’est pas arrivé », explique François-Xavier Broutin. La demande pour l’expert « se poursuit » avec +10 % en volumes et +6 % en valeur sur les quatre premiers mois de la campagne, comparativement à la même période l’année précédente.

Consommation intérieure en baisse en volume

La demande intérieure pour le marché du frais est, quant à elle, plutôt à la baisse en volume. Il s’agit également d’une tendance long terme qui s’est vérifiée en 2023-2024 : –4,2 % en volume.

Cela s’explique principalement par la diminution de la quantité choisie par acte d’achat. Cette dernière résulte notamment de l’évolution de la taille des ménages et des habitudes de consommation ou encore les difficultés de conservation.

Finalement, les Français délaissent petit à petit le traditionnel format de 2,5 kg (–25,3 % sur un an), et se tournent sensiblement vers des conditionnements de 2 kg ou moins.

François-Xavier Broutin constate malgré tout une augmentation pour les conditionnements de 5 kg ou plus. « On pense qu’un certain nombre de ménages vont chercher les prix s’ils ont les capacités de stockage », explique-t-il. Mais globalement, le CNIPT estime que « les ménages n’auront jamais autant dépensé pour l’achat de leurs pommes de terre, en dehors de la période de la crise de la Covid-19 ». Les achats de frais en valeur sont en hausse malgré la baisse des volumes.