La production mondiale de graines de tournesol est attendue en hausse pour 2023-2024, à environ 56,6 millions de tonnes, grâce aux bonnes récoltes chez les trois premiers producteurs. L’Ukraine devrait récolter entre 13,6 et 14,2 millions de tonnes cette année, du fait de bons rendements qui ont compensé la baisse des surfaces. Le pays peut triturer à nouveau de façon correcte et exporte davantage d’huiles et de tourteaux par rapport à l’an dernier. « L’Ukraine devrait produire 6 millions de tonnes d’huile de tournesol en 2023-2024, pour en exporter entre 5,6 et 5,7 millions de tonnes », estime Maxence Devillers, du cabinet Agritel.

Un nouveau record de production en Russie

De son côté, la Russie est sur le point de battre un nouveau record de production, entre 16,6 et 17,3 millions de tonnes. Et cela grâce à d’excellents rendements et à des surfaces au zénith, aux alentours de 9,6 millions d’hectares. La progression de la sole russe est liée aux prix attractifs en 2022 après le début du conflit entre l’Ukraine et la Russie. « C’est la Russie qui a gagné cette guerre du tournesol, souligne Guillaume de la Forest, chargé de mission chez Saipol (1). Ce que l’Ukraine n’est pas capable de produire et d’exporter, la Russie le fait à sa place. »

La récolte russe de tournesol pourrait atteindre un niveau record cette année.

Des surfaces records

Avec des surfaces à 5 millions d’hectares, l’Union européenne n’est pas en reste. Elle pourrait produire 10 à 10,5 millions de tonnes en 2023-2024, contre 9,3 millions de tonnes la campagne précédente pénalisée par le sec. Le premier producteur européen, la Roumanie, ne devrait récolter que 2,1 millions de tonnes, contre 2,5 à 3 millions de tonnes par le passé. Pourquoi ? Parce qu’elle a été fortement impactée par la sécheresse cette année. Elle sera même peut-être dépassée par la France dont la production est annoncée vers 2,11 millions de tonnes en 2023-2024, soit près de 19 % de plus qu’en 2022-2023.

Cette belle performance est liée à la forte progression des surfaces françaises, qui devraient atteindre le record de 870 000 hectares. En outre, selon Agreste, les rendements sont très bons (24,3 q/ha), en augmentation par rapport à 2022 dans toutes les régions, à l’exception de la Normandie, de la Bretagne et des Hauts-de-France. « Historiquement la France produisait 1,5 million de tonnes de tournesol, rappelle Guillaume de la Forest. Mais avec l’évolution des assolements et le changement climatique permettant de remonter le tournesol plus au nord de la Loire, les agriculteurs en sèment de plus en plus. »

La récolte française de tournesol progresse de 19 % grâce à des surfaces en forte hausse cette année.

Si les disponibilités en graines de tournesol sont importantes, la demande en huiles de la part des industriels et des consommateurs ne suit pas, du fait de l’inflation. « Ce qui limite le potentiel de hausse des prix de la graine », soutient Maxence Devillers. Le prix rendu Saint-Nazaire ne dépassait pas les 400 €/t au 13 octobre contre plus de 480 €/t début août. Un flux important d’huile de tournesol dans l’Union européenne en provenance d’Ukraine ajoute à la pression sur le complexe oléagineux.

(1) Il est intervenu lors d’un webinaire sur les huiles végétales organisé par LG Seeds France le 12 octobre 2023.