Au deuxième rang européen, la meunerie française a écrasé 5,1 millions de tonnes de blé au cours de la campagne de 2022-2023, soit environ 15 % des 33,7 millions de tonnes utilisées en France. Pour rappel, environ la moitié des blés hexagonaux sont exportés, 13 % partent en alimentation animale, 8 % en amidonnerie et 15 % vers divers débouchés.
Des volumes stables depuis 2018
La production française de farine de blé est à peu près stable depuis 2018. Elle a atteint 3,96 millions en 2022, produites à plus de 99 % avec des grains français. Les principaux débouchés sont la boulangerie artisanale (33 %), les industries utilisatrices alimentaires (28 %) et la boulangerie industrielle (25 %). Les moulins français ont aussi produit 14 800 tonnes de farine de seigle, 11 500 tonnes de farine de sarrasin et 7 700 tonnes de farine d’épeautre. La farine bio représente 150 000 tonnes et le label rouge 244 000 tonnes.
La France importe plus de farine qu’elle n’en exporte depuis 2018. Les ventes à l’étranger sont stables depuis cinq ans et atteignaient 186 000 tonnes en 2022. L’Europe reste la première destination avec 80 % des volumes, suivie de l’Asie (9 %), de l’Afrique (4 %) qui est en net recul, et du Proche- et Moyen-Orient (4,3 %). Sur la même période, les importations de farines de céréales ont représenté 268 600 tonnes, soit 6,8 % du volume total commercialisé en France. Elles proviennent à 96 % de l’Union européenne, notamment de l’Allemagne (67 %), de la Belgique (10 %), de l’Espagne (7 %) et de l’Italie (7 %).
Hausse des prix
Il existe un décalage de la répercussion des prix du blé sur ceux de la farine. La hausse des cours de la céréale a commencé dès la mi-2021, mais les indices de prix de la farine ont augmenté six mois plus tard. Les marchés industriels sont plus réactifs pour prendre en compte cette progression que le secteur de la boulangerie artisanale par exemple. En 2022, il y a eu un renforcement de la hausse des charges, démarrée l’année précédente, sur tous les postes : blé (+44 % par rapport à 2021), carburant (+40 %), emballage (+19 %), électricité (+9 %), salaires (+6 %).
« L’indice de prix de la farine pour la panification a progressé de 26 % en 2022, mais pas de manière suffisante pour couvrir l’ensemble des charges, a indiqué Anne-Cécile Contamine, directrice générale de l’ANMF (Association générale de la meunerie française) lors de sa convention le 16 juin 2023 à Paris. Cela montre que la meunerie a contracté ses marges, et cela pose des questions sur la rentabilité. » Toutefois, la répercussion en aval sur le prix du pain reste mesurée : l’augmentation du tarif de la baguette est deux fois inférieure à l’inflation générale des produits alimentaires.