Avec une chute de 1 % prévue sur la campagne de 2022-2023, la consommation mondiale de matières premières agricoles pour l'alimentation animale se trouve dans une configuration inédite depuis 10 ans. Il faut en effet remonter aux campagnes de 2008-2009 et de 2012-2013 pour retrouver des baisses dans ce secteur. Ces dernières avaient eu lieu soit consécutivement à une crise économique (2008), soit à cause de prix très élevés des matières premières agricoles (2012). Ces deux conditions sont actuellement réunies.

Une consommation de viande annoncée en baisse
Déjà, les besoins alimentaires des animaux ont stagné au cours de la campagne de 2021-2022, marquant un coup d’arrêt de la progression ininterrompue depuis 2012-2013 (+3,2 % de croissance en moyenne). Pour l’année 2023, l’OCDE prévoit une croissance de l’économie de 2,2 % au niveau mondial contre 3,1 % en 2022. La zone euro devrait être particulièrement affectée avec 0,4 % seulement de croissance économique en 2023. Ces faibles taux de croissance, couplés à une inflation qui devrait rester forte, vont conduire à une baisse de la consommation de viande et donc des productions animales.
Bien entendu, ces prévisions pour 2023 sont en grande partie dépendantes de l’évolution du conflit en Ukraine. Ce dernier, par l’incertitude et la nervosité qu’il apporte sur les marchés, a pour le moment limité la chute des prix des commodités agricoles. Les perspectives de réduction de la demande et d’augmentation des stocks de grains (ces derniers étant concentrés pour bonne partie en Russie) suggéraient une baisse plus marquée.
Le secteur animal français au ralenti
En France, l'année 2022 marque un fort ralentissement de la demande animale. Les dernières statistiques de consommation de céréales publiées par FranceAgriMer pour octobre 2022 en témoignent. Finalement, nous estimons que l'aviculture est particulièrement touchée en 2022, avec une baisse de 9 % de la consommation d’aliments composés industriels par rapport à 2021. Le secteur avait été relativement épargné par la crise sanitaire du Covid-19. Il a en revanche durement pâti des épisodes de grippe aviaire et de l’explosion des prix des céréales en 2022.

Les secteurs bovins et porcins ont suivi cette tendance baissière mais dans une moindre mesure. Si les infestations de grippe aviaire diminuent, l’année 2023 pourrait voir une reprise du secteur de la volaille, mais loin de son niveau d’avant-guerre. Le secteur porcin risque, quant à lui, de poursuivre sa baisse amorcée depuis plusieurs années. Celle-ci pourrait être encore plus marquée : le pouvoir d’achat, et donc la consommation de viande dans la zone euro, devrait être mis à rude épreuve en 2023.