« Actuellement, il y a beaucoup de données concernant le carbone dans le sol en France, mais elles ne sont pas toujours comparables, au niveau des formats ou des unités par exemple », commente Bertrand Guenet, chercheur au CNRS et l’un des coordinateurs du projet Alamod. Regroupant des scientifiques de différents instituts de recherche français, cette initiative a pour objectif de créer une base de données en libre accès sur les stocks de carbone dans les sols français.

Une meilleure précision des modèles

La mise à disposition de jeux de données interopérables permettra de concevoir des modèles les plus robustes possibles, que ce soit pour la modélisation du cycle, les inventaires de stocks ou pour le marché volontaire du carbone. Ces données seront des mesures de carbone dans la biomasse végétale et dans les sols et des données pédoclimatiques classiques (température, précipitations, texture du sol…) nécessaires aux modélisations. Pour le monde agricole, il y a deux perspectives majeures. La base de données permettra aux entreprises qui aident les agriculteurs à entrer sur le marché volontaire du carbone de perfectionner leurs outils et d’obtenir des estimations de son stockage les plus proches de la réalité. « La plateforme permettra aussi d’aider à mieux comprendre les effets des différents types de gestion et d’identifier celle qui permet d’obtenir le meilleur compromis entre rendement et stockage du carbone dans le sol », estime Bertrand Guenet.

Des verrous juridiques à lever

Une première version de cette plateforme en libre d’accès sera disponible au plus tard au début de 2026. Elle compilera environ 10 % du total attendu à terme, a priori d’ici à deux ou trois ans. Pour cela, il sera nécessaire pour l’équipe de chercheurs de lever quelques problèmes techniques, mais surtout juridiques. « On ne peut pas rendre publiques des choses permettant d’identifier les propriétaires des terrains », explique le coordinateur du projet. En effet, si une partie des données sur les stocks de carbone viennent de sites expérimentaux d’instituts de recherche, une grande partie est obtenue via des interactions avec des propriétaires forestiers ou agricoles. Et l’ensemble pourra être complété par des données satellitaires.