C’est un gros chantier à 106 millions d’euros qui démarre cette année au Mans (Sarthe). D’ici à 2028, il va permettre d’installer un réseau de chaleur de 36 kilomètres. Avec une production de 136 GWh, il fournira en particulier l’hôpital et l’université de la ville.
Trois chaudières dont deux au bois
Alors que Le Mans dispose déjà d’un réseau alimenté par la combustion des déchets ménagers, « ce nouveau réseau a la particularité de faire le lien entre l’urbain et le rural », a expliqué Stéphane Le Foll, président de la métropole du Mans, le 13 mai 2025, sur l’exploitation d’Aymeric Chaumont à Rouez.
Ce lien s’exprime d’abord dans la gestion de la ressource énergétique. Sur trois chaudières prévues dans le projet, une de 25 MW fonctionnera au gaz. Les deux autres, de 20 MW chacune, valoriseront du bois. Le cahier des charges exige qu’il soit local, produit dans un rayon de 100 kilomètres autour du Mans. 30 % de la ressource devra provenir de haies bocagères.
Des contrats de décarbonation
Le lien entre urbain et rural se concrétise aussi via la décarbonation du chantier de construction. Elle représente 2 000 tonnes équivalent CO2 par an jusqu’en 2050, date butoir de la délégation de service public (NDLR : confiée à Engie). « Cette décarbonation va être gérée par périodes de cinq ans. Pour celle en cours, une trentaine d’agriculteurs sont concernés », précise Marie Rullier, animatrice de l’association Solenat qui gère les contrats correspondants.
En pratique, une quinzaine d’agriculteurs ont intégré le dispositif via la démarche Carbon Agri de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Une vingtaine d’autres, comme Aymeric Chaumont, via la démarche Carbocage de gestion durable des haies. Installé sur 90 hectares, cet éleveur laitier recense 12,7 kilomètres de linéaires sur son exploitation.
« Il y a deux ans, avec la chambre d’agriculture, j’ai réalisé un plan de gestion sur quinze ans », a-t-il expliqué. L’exploitation a été labellisée bas carbone l’an dernier. Elle a pu ainsi intégrer la démarche du réseau de chaleur du Mans, sur la base de 80,9 t équivalent CO2 par an, sur cinq ans. « Le premier paiement est arrivé à l’été 2024. »
« Des partenariats comme celui-ci sont gagnant-gagnant », se félicite Anthony Ménard, président de Solenat. Créée en 2020, l’association accompagne aujourd’hui une cinquantaine d’exploitations ligériennes engagées dans la démarche Carbocage et cinq fois plus dans la démarche Carbon Agri et Grandes Cultures. Un résultat en demi-teinte : « Trouver des agriculteurs n’est pas un problème, ce qui bloque, ce sont les financements. Aujourd’hui, nous sommes plutôt inquiets quant à la pérennité et la généralisation de notre action. »