Pourquoi le groupe InVivo s’engage pour accompagner les démarches bas-carbone ?
Jérôme Calleau : Notre mission est de favoriser la transition agricole et agroalimentaire et de mettre en place les innovations pour y répondre, face à une demande sociétale forte. Nos clients sont des amidonniers, meuniers, éthanoliers, triturateurs, malteurs, qui veulent réduire leurs émissions de CO2. Ce qui passe par l’achat de matières premières ‘bas-carbone’. D’où l’idée de créer une filiale négoce, baptisée Grafite (1), qui nous permet de valoriser au mieux ces matières premières. Grâce à une prime versée à l’agriculteur via la coopérative, nous soutenons les changements de pratique, souvent synonymes de prise de risque. Notre accompagnement permet à l’agriculteur d’évoluer dans son itinéraire technique de façon sécurisée. Notre filiale est d’ailleurs la seule structure de ce type en Europe. Chez nos voisins, ce sont les industriels qui achètent directement les matières premières issues de conduites faiblement émettrices. Nous sommes surtout dans une démarche beaucoup plus concrète que les crédits carbone complexes à appréhender pour les acteurs terrain.
Comment Grafite accompagne-t-il les agriculteurs ?
Clément Perez : InVivo, ce sont 170 coopératives adhérentes sur tout le territoire national. Chez Grafite, nous ne sommes pas en lien direct avec les agriculteurs, mais nous passons par les services agronomie des coops pour promouvoir les conduites bas-carbone. Les conseillers ont à leur disposition tout un panel de techniques pour proposer des solutions : OAD, TCS, agriculture de précision, implantation de couverts végétaux, réduction de doses,… Une bonne partie de ces pratiques s’appuie sur l’outil Be Api, déjà bien connu des agriculteurs. Nous réalisons ensuite des calculs qui nous permettent, en fonction de l’itinéraire technique, des rendements, d’établir les quantités de CO2 émises. Et de comparer par rapport aux résultats sans modification des pratiques. Dans une démarche Be Api, la diminution moyenne de CO2 émis est de 0,4 t par hectare.
Comment évoluent les volumes traités par Grafite ?
André Cunze : En 2019, nous avons commercialisé 10 000 t, essentiellement du colza pour du biocarburant. En 2020, nous étions à 35 000 t, en blé, orge, colza, tournesol. L’an passé, notre activité a représenté 160 000 t. 3 000 agriculteurs environ nous ont vendu une partie de leur récolte. Ils ne signent pas formellement un contrat mais s’engagent à modifier au moins une de leurs pratiques pendant 5 ans. Pour cette année, il est difficile de prévoir les volumes traités, car comme pour tous les opérateurs, nous sommes tributaires des aléas climatiques et des marchés mondiaux.
Quel est le montant moyen de la prime touchée pour un producteur ?
Clément Perez : L’an passé nous avons versé en moyenne 25 € à la tonne sur colza, blé, tournesol. En 2022, dans un contexte plus favorable, nous étions à 45 €. Les agriculteurs la touchent au moment de l’exécution du contrat.
Qu’est-ce qui motive les agriculteurs pour s’engager dans ces conduites « bas-carbone » ?
Jérôme Calleau : Pour certains, ce sont des raisons financières. Mais un grand nombre souhaite mettre en place des pratiques davantage respectueuses de l’environnement. Ils le font aussi pour leur santé, celle des consommateurs. D’autres veulent améliorer la vie de leurs sols. Au-delà de la demande de la société, il existe une vraie conscience collective du monde agricole. L’agriculture française est d’ailleurs très bien placée, vertueuse, et il faut le valoriser davantage.
(1) Un nom qui fait référence au graphite, une des formes du carbone