Dans le cadre du projet ClieNFarms, Terres Inovia et ses partenaires (1) testent depuis un an plusieurs leviers pour améliorer le bilan carbone des exploitations. Dans des systèmes de grandes cultures, l’intégration du pois d’hiver peut être une solution. « Pour les exploitations conventionnelles de notre secteur, ce qui impacte le plus le bilan carbone, ce sont les engrais minéraux azotés, indique Mathieu Dulot, ingénieur pour l’institut dans la région Grand Est. Le fait d’intégrer le pois permet de s’abstenir d’engrais azotés à un moment de la rotation. L’effet précédent sur le blé est aussi intéressant avec un meilleur rendement, et donc davantage de biomasse restituée au sol pour une dose d’azote qui peut être diminuée de plusieurs dizaines d’unités par rapport à un autre précédent », ajoute-t-il.

Intercultures compensatrices

Selon l’étude de cas type de Terres Inovia, l’intégration de 15 à 20 % de pois dans la rotation permet une réduction des émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 0,6 teqCO2/ha/an, le meilleur résultat étant obtenu avec des intercultures. « Si on intègre des couverts, on peut réussir à pallier la faible restitution de biomasse au sol du pois », précise Mathieu Dulot. En effet, les résidus de culture du pois représentent une plus faible quantité de carbone qui revient au sol par rapport aux autres cultures, comme le colza ou le maïs. Dans une rotation intégrant pois d’hiver et céréales à paille, il peut même être envisagé deux intercultures, la première avant le semis du protéagineux et la deuxième après sa récolte précoce.

Définir les bons couverts

Cette année, une des fermes pilotes du projet ClieNFarms a mis en place un essai d’interculture avant pois d’hiver, dans l’objectif de définir les couverts les mieux adaptés. Trois bandes ont été implantées le 15 août en semis direct : avoine-phacélie, moutarde-radis-phacélie et moha-niger-chia. « Ce choix s’est fait d’une part pour avoir des espèces pompes à nitrates, car le pois a besoin d’un sol appauvri en azote pour favoriser ses nodosités, indique Mathieu Dulot.

Ensuite, nous souhaitions tester les crucifères car elles sont intéressantes pour le stockage du carbone, mais certaines études montrent un effet dépressif sur le rhizobium à vérifier dans le cas d’une interculture », ajoute-t-il. Le couvert « moha-niger-chia » avait une vocation de biomasse mais il s’est peu développé, car certainement semé trop tard. « Nous avons également observé des problèmes de structures, avec des couverts parfois peu ou mal enracinés. Cela montre qu’il vaut peut-être mieux préparer le sol au moment de l’implantation des couverts », estime Mathieu Dulot.

Cette année, un sarrasin a été implanté entre le pois d'hiver et le blé. (©  Terres Inovia)

Sur cette ferme pilote, un sarrasin est implanté entre le pois d’hiver et le blé. Cette année, après andainage, la récolte a pu se faire à la mi-octobre pour un rendement satisfaisant de plus de 15 q/ha. « Le sarrasin est intéressant derrière le pois, car il va permettre de bien valoriser l’azote résiduel, et il sera possible de le commercialiser, mais il est tout à fait possible de choisir un autre type de couvert », précise Mathieu Dulot.

(1) L’ITB et Terrasolis pour la ferme de démonstration ; la Scara et les chambres d’agriculture de l’Alsace, de l’Aube et de la Marne pour l’accompagnement des huit fermes pilotes de la région « Nord Est ».