Les années se suivent, mais ne se ressemblent pas sur le plan climatique. Alors que juillet 2021 apparaît comme un des mois de juillet les plus pluvieux depuis 1959, une vague de chaleur est annoncée sur la France. « L’année dernière, à la même époque, 82 départements étaient en sécheresse, l’année d’avant, c’était 79, rappelle Christiane Lambert, ce 13 août 2021 sur RTL. Et là, cette année en 2021, nous cumulons tout. »
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« Des chenilles sur les moissonneuses-batteuses »
Une vague de chaleur en mars a laissé croire à la végétation que le printemps était arrivé. Mais le gel a frappé en avril alors que « tous les bourgeons étaient sortis et les fruits aussi, décrit la présidente de la FNSEA. Ensuite des pluies diluviennes ont causé d’énormes inondations, […] et ce n’est pas encore résorbé. Mes collègues alsaciens me disaient hier qu’ils vont faire les moissons avec des chenilles sur les moissonneuses-batteuses. »
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Que faire face à ces années compliquées ? « Il faut se donner chaque fois que c’est possible des outils de sécurisation », insiste Christiane Lambert. Un agriculteur, chaque année quand il choisit un assolement, il fait un pari sur la météo, il fait un pari sur l’avenir. » Parmi les outils contre la sécheresse, l’irrigation vient immédiatement à l’esprit, et avec lui, l’épineux dossier de la construction des retenues d’eau en France.
« L’irrigation est mal vue » en France
« Malheureusement en France, l’irrigation est mal vue, poursuit-elle. En Europe, les réserves d’eau pour l’agriculture ont augmenté de 10 % ces 10 dernières années, et de seulement 1,3 % en France. Pourquoi ? Parce qu’il y a une hostilité, des complications administratives, beaucoup d’idéologie aussi de la part des anti-irrigation, les mêmes qui veulent manger pas cher. Parmi les autres solutions, il y a l’amélioration variétale, des itinéraires techniques différents… »
À l’inverse, face aux inondations, la présidente de la FNSEA rappelle l’importance d’entretenir les cours d’eau. « Il faut aussi mieux entretenir le réseau hydraulique, rappelle telle. Curer les rivières, les fossés, les ruisseaux. Donc c’est une panoplie de sujets, et d’ailleurs dans le Varenne de l’eau et du changement climatique, lancé par le ministère de l’Agriculture et de l’écologie, ce sont des sujets qui seront sur la table. »
»Un problème politique, idéologique, philosophique »
La spécificité de cette année 2021 est que tous les secteurs de l’agriculture ont été touchés à un moment ou un autre. Et pour Louis Bodin, le chef du service météo et prévisionniste de RTL, pas de doutes, ces aléas vont se répéter. « Dans un pays comme la France, c’est compliqué d’avoir une vraie prévision, une vraie projection. Pourquoi ? Parce qu’on est un pays à mi-chemin entre l’équateur et le pôle. »
Concernant l’irrigation, « il y a des problèmes politiques, idéologiques, philosophiques, convient Louis Bodin. Mais en tant que météorologue en France, faire des retenues d’eau à taille humaine avec une vraie réflexion, cela ne changera pas le cycle de l’eau et ça ne changera pas la météorologie. Et aujourd’hui, c’est vrai que les retenues d’eau on n’en fait plus beaucoup en France alors que ce pourrait être une solution. »