La conférence de presse de FranceAgriMer tenu le 11 septembre 2019 à l’issue du conseil spécialisé des grandes cultures a été l’occasion pour Arvalis de présenter les résultats de leur bilan qualitatif de la récolte de 2019. En blé tendre, « la valorisation de l’azote a été performante cette année », déclare Marion Philippe, chargée d’études chez FranceAgriMer. Elle fait part d’une moyenne nationale du taux de protéines de 11,5 %, s’échelonnant de 11 % (à l’Ouest) à 13 % (Sud-Est). « C’est tout à fait satisfaisant vis-à-vis des rendements élevés », estime-t-elle. Le PS est de 79,5 kg/hl en moyenne nationale. La teneur en eau moyenne est de 12,1 %, « cela permettra de garantir une très bonne conservation des grains », affirme-t-elle. Les temps de chute de Hagberg sont d’un « niveau exceptionnel en comparaison de la moyenne quinquennale » : 92 % des blés sont au-dessus de 300 secondes.

 

Sur la qualité boulangère, 82 % des blés sont classés en classe prémium ou supérieur, contre environ 50 % en règle générale : « C’est absolument exceptionnel », affirme Christine Bar, chef du service en charge de la qualité et des valorisations chez Arvalis. « Cela devrait satisfaire les besoins des acheteurs en France et à l’étranger. »

Blés durs : très faible taux de GMS

En blé dur, « les remarques sont relativement similaires », estime Marion Philippe. Le taux protéique moyen est de 13,9 %. Le PS est de 80,2 kg/hl, avec 95 % des volumes au-dessus de 78 kg/ha. La teneur en eau est historiquement basse, à 11,4 %. Pour ce qui est du temps de chute de Hagberg, 76 % des blés durs sont au-dessus de 350 secondes.

 

« Le taux de GMF, les grains germés, mouchetés et fusariés, est exceptionnellement bon. 97 % des lots sont en dessous de 5 %. Les inquiétudes liées à la fusariose au moment de la floraison ne se sont finalement pas traduites par une contamination. C’est un point très favorable pour l’exportation », affirme Christine Bar. « Les blés sont également bien jaunes, ce qui est très apprécié en France et à l’étranger », complète-t-elle.

Le fret, facteur limitant à l’exportation

« La commercialisation de la récolte de 2019 s’annonce dans des conditions plutôt favorables », estime Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer. À la faveur de l’exportation française : laparité euro/dollar qui s’effrite. « Cela représente une baisse mécanique de 7 % des prix du blé », indique-t-il. Autre bon point pour l’exportation française : les monnaies russe et ukrainienne, en ce qui les concerne, se renchérissent. À cela s’ajoute les bons volumes de la récolte de 2019, ainsi que leur excellente qualité, capable de répondre aux différents cahiers des charges des acheteurs (blés et orges).

 

Ainsi, les blés européens sont très compétitifs actuellement. « Le seul facteur limitant est la hausse du prix du fret », indique-t-il. En effet, ces dernières semaines, les cours sont en progression en raison d’une forte demande chinoise en minerais.

 

Sur ce début de campagne de commercialisation, la France est de retour sur des destinations qui avaient pati de la récolte de 2016 : Afrique subsaharienne et Maroc. « Ce sont des nouvelles assez positives », déclare Marc Zribi.

Contexte international tendu

Marc Zribi estime toutefois que la campagne va être très disputée, notamment avec la concurrence de la zone de la mer Noire. Les opérateurs gardent en tête que la Russie est « engagée dans une diplomatie commerciale très offensive » et que le blé devrait être particulièrement mis en avant. Moscou pourrait être présent sur les marchés de prédilection français, notamment l’Algérie.

 

Il est également nécessaire de suivre l’évolution de la crise économique et financière en Argentine, qui conduit à la dévaluation du peso. Cela favorise les exportations du pays et devrait vraisemblablement se poursuive. Les conséquences de la fièvre porcine africaine en Chine sont également à suivre tout comme les conflits commerciaux existant entre Pékin et les pays de l’Amérique du Nord.