Alors que le biocontrôle représente 9 % du marché français de la protection des plantes selon le dernier baromètre réalisé par Alliance Biocontrôle (1), l’association maintient son ambition d’atteindre 30 % du marché d’ici à 2030.
Une meilleure valorisation des productions agricoles issues de l’emploi de ces solutions, un renforcement de l’accompagnement des utilisateurs et une « révision en profondeur » de la séparation du conseil et de la vente sont autant de mesures qui, selon l’association, permettraient d’approcher cet objectif. Mais cela passe aussi par une définition du biocontrôle, « qui nous fait cruellement défaut en Europe », a indiqué Céline Barthet, présidente de l’association, lors des 11es rencontres annuelles du biocontrôle au Sival, le 14 janvier 2025.
Délais et imprévisibilité
« En l’absence de définition européenne, les substances actives de biocontrôle se retrouvent dans la même file d’attente que les solutions conventionnelles, avec des délais de base très longs, et qui le deviennent de plus en plus », explique la présidente. À ce problème s’ajoute celui de la prévisibilité : « Nous avons beau suivre les documents guides, penser que nous avons répondu à toutes les attentes des autorités évaluatrices… Nous avons encore une grande part d’incertitude sur la réussite ou non du dépôt d’une nouvelle substance à l’échelle européenne », ajoute-t-elle.
L’accumulation de ces deux inconvénients amènerait les innovations à se détourner progressivement de l’Europe, au profit d’autres continents, où les délais sont plus courts et où les chances de succès sont plus facilement évaluables. « Les innovations ont donc tendance à partir ailleurs, et à revenir en Europe, si elles reviennent, dans un second temps, avec un décalage, résume Céline Barthet. C’est fort regrettable quand on voit les efforts fournis en termes de fonds publics », ajoute-t-elle.
La présidente se veut malgré tout rassurante sur un point : « Il y a un consensus sur la nécessité d’avoir cette définition européenne, tous les États membres sont alignés là-dessus. Cela va donc se faire… Maintenant c’est de savoir quand et comment. »
Approche combinatoire
Pour le « comment », justement, Alliance Biocontrôle a des propositions. Pour raccourcir les délais d’homologation, il s’agirait par exemple de supprimer une étape de l’évaluation : « Actuellement, nous avons un échelon “substance active” à l’échelle européenne, puis un échelon “produit” qui se fait par État membre ou zone d’États membres. N’avoir qu’une seule étape permettrait de simplifier les choses. Il faut savoir que cela existe sur certains autres produits et que cela fonctionne », explique Céline Barthet.
Une autre proposition est d’avoir une approche combinatoire dans l’évaluation. « Il faudrait s’obliger à évaluer la performance du biocontrôle en association avec d’autres leviers agronomiques, tels qu’utilisé dans la pratique par les agriculteurs aujourd’hui », indique-t-elle.
Sur cette approche combinatoire, la coordinatrice de la stratégie nationale du biocontrôle du ministère de l’Agriculture, Odile Colnard, a annoncé l’ouverture prochaine d’un nouveau dispositif Praam (prise de risque amont aval et massification). « Les porteurs seront des opérateurs économiques qui devront avoir des projets de déploiement d’alternatives, en combinatoires, explique Odile Colnard. Les sociétés productrices des solutions de biocontrôle pourront être partenaires de ces projets », ajoute-t-elle.
« Nous suivons cela de près car c’est très pertinent. Nous avons besoin de répartir la prise de risque et le coût de la transition agroécologique de l’agriculture », indique Céline Barthet.
(1) Association référente des entreprises du biocontrôle en France, composée de 27 membres et représentant 80 % du marché national des produits de biocontrôle.