FranceAgriMer a publié, le 22 novembre 2024 une synthèse concernant « l’évolution du positionnement de la France sur le marché international des biocarburants » de 2009 à 2022. Sur cette période, la France reste le leader européen de la production d’éthanol. Cependant, elle peine à suivre le rythme de croissance mondiale imposé par les États-Unis et le Brésil.
Biodiesel : Chine et Thaïlande passent devant la France
Après une forte progression de 250 % entre 2005 et 2009, la production d’éthanol a stagné entre 10 et 12 millions d’hectolitres par an à partir de 2009, lit-on dans cette synthèse. La France est ainsi passée de quatrième producteur mondial en 2009 à sixième en 2022, se faisant devancer par des pays émergents sur le marché du bioéthanol que sont la Chine (33 millions d’hectolitres en 2022) et la Thaïlande (14 millions d’hectolitres).
Néanmoins, la capacité de transformation (1) d’éthanol en France a augmenté de 72 % en 2022, laissant présager un repositionnement parmi les principaux producteurs dans les années à venir. Les États-Unis dominent eux depuis longtemps le marché mondial de l’éthanol, avec 582 millions d’hectolitres en 2022, soit 55 % de la production globale, portés par « des coûts de production très compétitifs, des rendements élevés du maïs et un réseau de production modernisée ».
Le Brésil, deuxième producteur mondial, a produit 284 millions d’hectolitres en 2022. « Il se distingue par sa performance dans la production d’éthanol à partir de canne à sucre, bénéficiant d’un climat favorable, d’une richesse des sols et d’un soutien politique fort », souligne FranceAgriMer. Le taux d’incorporation d’éthanol dans l’essence est notamment de 26,8 % au Brésil contre 6,9 % en moyenne en France. Et 85 % des véhicules y sont compatibles flex-fuel, c’est-à-dire pouvant rouler indifféremment à toutes les essences, y compris le superéthanol.
Biocarburants, une croissance qui tourne au ralenti (24/07/2023)
À noter que la France s’appuie sur un mix de matières premières diversifié pour la production d’éthanol, ce qui rend le pays un peu moins vulnérable aux aléas climatiques. Ce mix se compose en 2022, de 42 % de blé, 33 % de betterave, 21 % de maïs et 4 % de marc et lie. Il demeure cependant plus coûteux que la canne à sucre utilisée notamment au Brésil et en Thaïlande. Sachant que « la compétitivité d’un pays pour la production de biocarburant est la résultante de deux éléments : le rendement de production agricole des matières premières et le rendement de sa transformation en biocarburant », rappelle FranceAgriMer dans la synthèse.
Biogazole : montée en puissance de l’Indonésie
Bien que la France soit encore au deuxième rang européen derrière l’Allemagne pour la production de biogazole, le pays a vu sa production baisser depuis le Covid, avec en 2022 un volume total de 2,1 millions de tonnes, inférieur au niveau de production de 2009.
Autrefois deuxième producteur mondial en 2009, la France est alors passée cinquième, en 2022. Ce recul est notamment lié à la montée en puissance de l’Indonésie. Soutenue par une politique incitative et des coûts de production inférieurs avec l’utilisation de l’huile de palme, la production indonésienne de biogazole a connu une croissance fulgurante, dépassant de peu, avec 9,8 millions de tonnes en 2022, la production états-unienne. Le Brésil se situe à la troisième place mondiale, avec 5,5 millions de tonnes, et l’Allemagne à la quatrième avec 3,4 millions de tonnes.
En outre, pour sa production de biogazole, la France est dépendante d’approvisionnements internationaux qui engendrent des coûts supplémentaires et limitent sa compétitivité vis-à-vis des concurrents internationaux. Mais elle s’appuie aussi sur des cultures nationales pour fournir 44 % de son approvisionnement en huile de colza. L’impact des normes phytosanitaires européennes, notamment l’interdiction de molécules néonicotinoïdes en 2013, peut, selon FranceAgriMer, expliquer en partie l’augmentation de la variabilité des rendements des cultures au sein de l’Union européenne.
Investissements en seconde génération
Malgré des politiques nationales et européennes mises en place pour promouvoir la production et l’utilisation de biocarburants, des restrictions sont dans le même temps imposées, notamment au travers de la directive européenne RED II qui plafonne à 7 % la part de l’énergie provenant des biocarburants de première génération (issus de cultures alimentaires) dans l’ensemble des transports pour chaque État membre. Ce qui a pu restreindre la production française « pourtant dotée d’une meilleure capacité de production relativement à certains de ces concurrents ».
En parallèle, cela a permis de « stimuler les investissements dans les biocarburants de seconde génération ». Or, observe FranceAgriMer, « des opportunités se dessinent avec le développement des biocarburants de seconde génération, offrant à la France des perspectives pour renforcer sa position à l’avenir sur un marché mondial en mutation ».
(1) Taille moyenne des unités de production et taux de charge (utilisation).