La consommation et la production mondiales de biocarburants augmenteront de 1,3 % par an dans les dix prochaines années, « bien moins vite que lors des décennies précédentes ». C’est ce que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) prévoient dans leurs perspectives agricoles annuelles pour la période de 2023 à 2032. Par « biocarburants », elles entendent bioéthanol, biodiesel, mais aussi carburant diesel renouvelable et carburant d’aviation durable.

Lente augmentation de la consommation mondiale

Globalement, la demande mondiale de produits de base pour les biocarburants de première génération devrait croître lentement dans les dix prochaines années, estiment l’OCDE et la FAO. Consommation de biocarburants qui reste et restera largement dictée par la demande de carburant.

D'icià 2032, l’Union européenne devrait céder sa place de deuxième exportatrice de biodiesel à l’Argentine. ( © ¨OCDE/FAO (2023))

En ce sens, les projections relatives à la consommation mondiale de carburant laissent entrevoir une diminution dans de nombreux pays à revenu élevé, contre une augmentation dans les pays à faible revenu. Quant aux pays à revenu intermédiaire, ce sont eux qui devraient dicter la croissance du marché des biocarburants par la mise en place de directives et de subventions.

Davantage de demandes en éthanol

Sur le marché européen, la consommation totale de carburants, à la fois du gazole et de l’essence, devrait diminuer. Toutefois, rassurent l’OCDE et la FAO, les biocarburants devraient échapper à cette tendance baissière. La consommation d’éthanol devrait s’amplifier, tandis que celle de biodiesel se maintiendrait. La part de l’éthanol dans la consommation d’essence devrait s’établir à 8,7 % au cours de la prochaine décennie, contre 6,3 % en 2022.

Concernant la part du biodiesel dans la consommation totale de gazole, elle devrait passer de 10 % en 2022 à 13 % d’ici à dix ans. Et ce, malgré un léger recul de la consommation de biodiesel à base d’huile de palme, désormais classé dans la catégorie des matières à risque élevé de changement indirect dans l’affectation des sols (CASI).

Toujours plus d’éthanol et de biodiesel dans le monde

La production mondiale de biocarburants devrait toujours reposer en grande partie sur les produits de base de première génération, tels que le maïs et la canne à sucre pour l’éthanol, et l’huile végétale pour le biodiesel, note le rapport.

La production mondiale de biocarburants progresserait donc globalement dans le cas de la canne à sucre et de l’huile végétale, mais diminuerait dans celui du maïs. L’OCDE et la FAO précisent que la production de biodiesel à partir d’huile de cuisson usagée devrait prendre de l’ampleur dans l’Union européenne, aux États-Unis et à Singapour.

Au total, d’après les projections, la production mondiale d’éthanol et de biodiesel augmentera pour atteindre respectivement 150,9 milliards de litres et 66,9 milliards de litres à l’horizon de 2032. Les matières premières traditionnelles resteront prédominantes, même si de nombreux pays sont de plus en plus sensibles à la durabilité du secteur.

L’Union européenne produira moins de biodiesel…

Comparativement à la consommation, la production de biodiesel restera globalement stable, poursuivent l’OCDE et la FAO. Et ce, malgré le fait que la part du biodiesel à base d’huile de palme reculera : elle passera de 21 % à 8 % en 2032, compte tenu des préoccupations que ce produit suscite sur le plan du développement durable.

La production de biodiesel à base d’huiles de cuisson usagées augmenterait quant à elle de 1,5 % par an, soit bien plus lentement que lors de la décennie précédente, cette matière première étant disponible en quantité restreinte.

« Il y a donc tout lieu de penser qu’en 2032, même si l’Union européenne occupe toujours le premier rang dans le classement mondial des régions productrices de biodiesel, sa part ne sera plus que de 26 % de la production mondiale, contre 32 % actuellement », souligne le rapport.

… Et en exportera moins que la Chine et l’Argentine

Les projections de l’OCDE et de la FAO concernant les biocarburants sont soumises à des risques et des incertitudes, en partie liés au cadre de l’action publique, aux matières premières et au prix du pétrole. Concernant l’action publique, son avenir reste incertain, notent les organisations, car « il est étroitement lié à l’évolution des prix agricoles et pétroliers ».

Dès 2023-2024, les prix des biocarburants devraient fléchir, sous l’impulsion des prix des matières premières et du pétrole, en valeur nominale comme réelle. Après cette période, les prix nominaux devraient repartir légèrement à la hausse jusqu’en 2032 alors que les prix réels devraient baisser.

Quant aux échanges internationaux de biocarburants, ils laisseront peu à peu leur place à des marchés intérieurs autosuffisants, la plupart des pays se dotant de politiques destinées à réduire l’empreinte carbone, à restreindre leur dépendance à l’égard des combustibles fossiles et à soutenir leurs agriculteurs. De ce constat, projettent l’OCDE et la FAO, l’Union européenne devrait céder sa place de deuxième exportatrice de biodiesel à l’Argentine.