Le projet de loi de finances (PLF) pour 2026 prévoit une hausse de la fiscalité sur le superéthanol-E85 et le B100. Une mesure à laquelle la Collective du bioéthanol (1) et les filières françaises des biocarburants agricoles (2) s’opposent fermement, dans deux communiqués publiés le 14 et 15 octobre 2025. Elles dénoncent une mesure « incompréhensible », « prise sans concertation » et « sans étude d’impact ni évaluation sérieuse de ses conséquences économiques, sociales, agricoles, industrielles, environnementales ou de souveraineté ».
Hausse de 300 % sur le superéthanol E85 et 400 % sur le B100
La hausse serait de 300 % pour le superéthanol E85 (qui contient de 60 à 85 % de bioéthanol) et de 400 % pour le B100 (constitué à 100 % de biodiesel produit à partir de colza français), rapportent les filières françaises des biocarburants agricoles. La Collective du bioéthanol détaille : la hausse des taxes sur le superéthanol E85 augmenterait le prix à la pompe de 40 à 50 centimes par litre, si elle était intégralement répercutée sur ce carburant. Dans le cas où elle serait répartie, selon les choix des distributeurs, sur toutes les essences dont l’E85, la hausse des prix atteindrait 2,3 centimes pour chaque litre d’essence acheté.
La mesure fragiliserait le revenu « de plus de 120 000 exploitants agricoles », insistent les filières. De plus, la hausse « ferait mécaniquement rebasculer les consommateurs, automobilistes et transporteurs vers les carburants fossiles importés, les plus carbonés, au détriment des carburants les plus décarbonés et les plus français ».
Au profit des carburants fossiles
La France est le premier producteur européen de bioéthanol, issu quasiment à 100 % de productions agricoles françaises (blé, maïs, betteraves à sucre, déchets et résidus de sucreries et amidonneries). Les filières rappellent que les biocarburants français d’origine agricole sont « un levier stratégique pour la transition écologique, la vitalité du tissu industriel des territoires et la souveraineté énergétique et alimentaire de la France ».
Leur fabrication permet en effet de coproduire « plus d’un million de tonnes » par an de tourteaux de colza et « 540 000 tonnes de drêches de céréales ». « En affaiblissant ces filières, cette mesure irait à rebours de l’objectif de stabilité et de visibilité attendu par les acteurs économiques et affirmé par les pouvoirs publics, tout en favorisant, paradoxalement, le retour aux carburants fossiles importés », estiment les filières.
Elles appellent au retrait de la mesure, « afin d’engager une concertation approfondie et responsable avec l’ensemble des parties prenantes concernées, à la hauteur des enjeux agricoles, industriels, sociaux et environnementaux à l’œuvre. » À défaut du renoncement du gouvernement à cette hausse des taxes, la Collective du bioéthanol demande aux parlementaires de la stopper « afin d’éviter qu’elle pénalise les Français qui dépendent de leur voiture chaque jour ».
(1) Représentée par l’Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre (AIBS) et Bioéthanol France.
(2) Bioéthanol France, EsteriFrance, AGPM, CGB, AGPB, FOP, Terres Univia, FNSEA.