Le confort de travail a guidé Gilles Pasquier pour la construction de son bâtiment d’engraissement de 350 places en 2021 (1). Installé à Anizy-le-Grand dans l’Aisne, l’exploitant conduit en parallèle un troupeau de 70 limousines (naisseur-engraisseur) et 262 ha de SAU (dont 107 ha de prairies). Deux salariés, Dominique et Thomas (comptant pour 1,3 UTH) l’épaulent… mais toutes les minutes sont comptées. 

Dans ce nouveau bâtiment, les animaux logent par 15 dans des cases de 6 m (largeur d’une travée) sur 12 m de long. Deux rangées de cases sont face à face, de part et d’autre d’un couloir de 4 m. Contre les longs pans deux couloirs de 5 m de large sont prévus pour la distribution de l’alimentation. Les portes, aménagées sur les pignons, sont électriques et peuvent être actionnées via une télécommande depuis la cabine du tracteur. « Dans les cases, j’ai choisi des barres au garrot « pivotantes », qui s’ajustent en fonction de la taille des animaux. La position est modifiée en 30 secondes sans aucun effort », explique-t-il.

Un prémélange

Pour gagner du temps sur la distribution de la ration, Gilles effectue un prémélange des concentrés (tourteaux, céréales et minéraux) et de la paille (3,5 t au total). « A la fin du mélange, je conserve 1,3 t dans machine et je vide le reste sur la dalle bétonnée à côté du silo d’ensilage, explique-t-il. Je charge ensuite la pulpe de betteraves et l’ensilage de maïs avant de vider le tout dans l’auge des animaux. Deux autres « mélangeuses » sont confectionnées dans la foulée, en incluant le prémélange et les fourrages grossiers. J’ajoute 1 kg de céréales pour les 50 taurillons en fin d’engraissement. Ainsi, avec ma machine de 17 m3, j’optimise mon temps. Cet été, si la ration s’échauffe, je la distribuerai en deux fois (matin et soir) pour préserver sa qualité. »

Le couloir central de 4 m de large constitue une zone stratégique du bâtiment. Gilles y dépose de la paille à volonté pour les animaux. Lors du curage, qui a lieu tous les trois mois, la remorque est garée à l’aplomb de l’endroit nettoyé pour éviter les allers-retours depuis l’extérieur. Cela limite la dégradation des abords du bâtiment. Pendant le curage, un seul lot est déplacé dans une case « tampon ». Ce « passage central » permet également d’accéder à l’espace de contention qui est un des dispositifs essentiels de la stabulation.

Les taurillons y accèdent dès leur arrivée pour y être vaccinés. La circulation est fluide. Les animaux sont guidés par des tubulaires. Pour les plus récalcitrants, Gilles dispose d’une barrière posée sur le télescopique pour pousser les animaux. « Au niveau de la contention, la largeur du couloir est ajustable à la taille de l’animal grâce à une commande électrique, explique-t-il. L’une des parois est aussi « escamotable » de manière à libérer celui qui se coincerait malencontreusement. Le dispositif me permet d’intervenir seul en toute sécurité. La manipulation se déroule même d’autant mieux avec une personne. Pendant que je m’occupe d’un animal, les autres inspectent sans contraintes l’espace et trouvent d’eux-mêmes l’entrée du couloir. »  L’aménagement comprend une porte de tri à l’extrémité, un système lève-tête et un pédiluve peut être installé si besoin.

Une pailleuse XXL

Le paillage est quasiment devenu une « formalité » grâce à équipement de grand format dont les dernières améliorations ont été apportées par le constructeur (Gyrax) sur l’exploitation. Huit balles carrées de 400 kg peuvent être chargées en même temps. Cela représente un gain de temps d’environ 1 h à 1 h 30 chaque jour, par rapport à la distribution avec une pailleuse embarquant une seule balle ronde. « Attention, cet investissement ne justifie pas pour un petit effectif, insiste Christian Guibier de la chambre d’agriculture de l’Aisne. L’outil nécessite aussi un tracteur d’une puissance d’au moins 120 ch. »

Autre aménagement pratique : les deux couloirs de 80 cm de largeur, parallèles aux pignons. « Lorsqu’un animal s’échappe d’une case (en franchissant la barre au garrot), il est possible de l’orienter vers l’un de ces couloirs pour qu’il rejoigne la zone de contention ou l’entrée de sa case, explique Gilles. Grâce à cet espace le long du pignon, le fumier, poussé par les jeunes bovins, ne « bute » jamais sur le portail. Je n’ai pas besoin de sortir ma fourche pour l’ouvrir. »

Toutes les cases sont par ailleurs numérotées sur les poteaux (à l’avant et à l’arrière), de manière à localiser précisément un animal malade par exemple, et à transmettre rapidement l’information aux différents intervenants de l’élevage.

L’abreuvement est également conçu pour intervenir efficacement. Le circuit englobe une pompe doseuse pour apporter vitamines ou aspirine plus facilement. Plusieurs lignes alimentent les cases de manière à ne pas « bloquer » l’ensemble du bâtiment en cas de fuite. Chaque case est dotée de deux abreuvoirs à tubes anti-lapage pour tous les jeunes bovins puissent boire à leur aise. Après quelques mois de fonctionnement, Gilles est satisfait de son bâtiment. Il note un point léger point faible au niveau de la contention « En l’installant sous le même toit que les animaux, la zone reçoit la poussière du paillage, explique-t-il. Mais ainsi l’accès est facile. » 

(1) La  chambre d’agriculture de l’Aisne organisait une journée portes ouvertes le 12 janvier 2023.