« La présence des loups n’est pas homogène en Europe et n’est pas robuste », a expliqué Yann Laurans, directeur des programmes au WWF France, le 19 mars 2024, lors d’une conférence de presse au siège de l’association au Pré-Saint-Gervais conduite avec France Nature Environnement (FNE), la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et Jean-Michel Bertrand, réalisateur du film Vivre avec les loups.
Une pétition pour protéger le prédateur
Le responsable du WWF France estime que la population lupine est écologiquement fragile et qu’il est prématuré de considérer qu’elle n’est plus à protéger. Le collectif constitué de onze associations lance aussi une pétition pour demander que la France se prononce contre l’abaissement du statut du prédateur.
Alain Bougrain Dubourg, président de la LPO, s’est attardé sur le rôle des bergers. « On peut cohabiter avec les loups en ayant une attention particulière pour les bergers, a-t-il déclaré. Sans loups, les bergers n’auraient pas les aides et les capacités à suivre leur métier comme ils le font aujourd’hui. »
Pour certains éleveurs et bergers sur le terrain, ces aides semblent bien maigres au regard du temps passé pour la surveillance : 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Et ils observent qu’elles sont souvent versées tardivement en leur imposant d’importantes avances de trésorerie.
Des éleveurs de moutons victimes du libre-échange, pas du loup
« On pourra tuer tous les loups de France, on ne réglera pas le problème des bergers, pense Alain Bougrain Dubourg. Ils ont été sacrifiés lorsqu’on a ouvert les frontières de la Nouvelle-Zélande pour importer des carcasses à bas prix. C’est là où il y a eu de la prédation », estime-t-il.
Jean-David Abel, de FNE, reproche à l’État de conduire la politique du loup sans objectif revendiqué. « L’État met des moyens, mais il ne l’assume jamais, il ne porte pas la coexistence, regrette-t-il. De ce fait, on a toujours continué à avoir des discours qui remettent en cause la présence du loup, et qui délégitime la possibilité de cette présence. »
Il regrette aussi la simplification des tirs dérogatoires prévue dans le cadre du nouveau plan loup sans que le protocole de tirs initial n’ait été évalué. Selon lui, c’est une manière de privilégier la régulation, mais pas la protection des troupeaux alors que « c’est elle qui permet la coexistence », déclare-t-il.
« L’État continue à accréditer les discours des organisations professionnelles, poursuit-il. Il accrédite l’idée que ce sont les destructions de loups qui vont permettre la coexistence. » Pour lui, les tirs dérogatoires ne doivent arriver qu'« au bout du bout quand il y a des foyers avec beaucoup d’attaques ».
Les associations appréhendent beaucoup ce déclassement car le prédateur pourrait être abattu en action de chasse, lors d’une battue par exemple, et non pas en action de prédations sur les troupeaux, comme c’est le cas aujourd’hui.