« Le consortium dirigé par Bayer a omis de soumettre des études et ou des données défavorables sur les effets cancérigènes et neurotoxiques du glyphosate dans la demande de réapprobation du glyphosate », inculpent les organisations non gouvernementales (ONG) européennes, Global 2000 et PAN Europe (Pesticide Action Network) dans un communiqué de presse diffusé ce mercredi 27 septembre 2023.

Le même jour, elles déposaient une plainte pénale, au parquet de Vienne (Autriche), avec Générations futures et PAN Germany, contre le géant Bayer et le consortium Glyphosate Renewal Group (GRG) demandant la réautorisation du glyphosate. La plainte fait suite à une première soumise le 17 juillet 2019 contre Monsanto, par l’avocat Josef Unterweger au nom de Global 2000, PAN Europe, Generations Futures et PAN Germany.

Deux études mises sous le tapis ?

À ce jour, le règlement de l’Union européenne impose aux fabricants de pesticides de déclarer aux autorités toutes les études (commandées ou issues de la littérature scientifique), sur les effets potentiellement nocifs de leurs produits commercialisés.

« La demande d’autorisation actuelle de Bayer ne contenait pas la majorité des publications indiquant les effets nocifs du glyphosate sur le système nerveux », accusent les ONG, à l’aube du vote de la Commission européenne sur la prolongation de dix ans de l’autorisation de l’herbicide ce 13 octobre prochain.

Elles avancent pour preuves, les associations pointent du doigt deux études « écartées ». La première, publiée en 2019 dans le British Medical Journal, porte sur le risque accru de troubles autistiques chez les enfants dont la mère a été exposée au glyphosate pendant la grossesse ou au cours de leur première année de vie.

Une découverte 21 ans plus tard

L’autre étude se concentre sur la neurotoxicité développementale (DNT). D’abord jugée « acceptable à des fins réglementaires » par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), elle est ensuite reconnue comme « non pertinente » par l’Autorité européenne EFSA, pour des soucis de conformité méthodologique.

« Pourquoi les industriels ont-ils fourni cette étude aux États-Unis sans l’avoir mise dans le dossier européen ? Avaient-ils peur que les conclusions de l’EFSA leurs soient défavorables ? », questionne François Veillerette, directeur chez Générations futures.

Selon les associations, les informations « manquantes » auraient « influencé l’évaluation des risques menée par les autorités en faveur de la réautorisation ». Elles demandent ainsi aux États membres de l’Union Européenne de s’opposer au renouvellement de l’herbicide.