Bien dans ses baskets. « Je fais un métier passion », s’enthousiasme Clémence Rivoire. La jeune femme, qui a fêté ses 28 ans le 2 mai dernier, est conseillère régionale en grandes cultures biologiques au sein d’Agribio 04 à Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence). Elle y anime également le collectif ABC-Sud (développement de l’agriculture biologique de conservation des sols en région Sud-Paca).
Elle a rejoint la structure en 2022 pour son premier CDI, après un parcours éclectique mené tambour battant. C’est lors de sa dernière année en licence Biologie et humanité qu’elle découvre le milieu agricole dans des fermes équines en Norvège. En 2018, elle intègre l’École supérieure des agricultures (ESA) d’Angers.
« Ma première visite d’exploitation caprine a été une véritable révélation, se souvient l’ancienne étudiante, originaire de l’Isère et issue d’une famille d’entrepreneurs. J’ai été bluffée par la technicité, les compétences et l’engagement que ce métier exige. » Puis vient un stage au Cameroun, dans une coopérative de cacao investie dans l’agroforesterie. À l’université de Prague, elle découvre l’agriculture de conservation des sols, qui la captive car « répondant aux enjeux actuels », souligne-t-elle.
Les stages suivants vont lui ouvrir de nouveaux horizons. Dans le Gard, chez un maraîcher où la tomate est cultivée sous ombrage ; dans la Drôme, où un éleveur ovin pratique le pâturage dans les vergers ; puis en Picardie, en tant qu’ouvrière agricole dans une ferme céréalière. « C’est là que j’ai compris que j’aimais mener des projets de recherche participative aux côtés des agriculteurs », confie Clémence Rivoire.
Un poste prenant et enrichissant
Aujourd’hui à Agribio 04, elle met en œuvre cette approche. Elle conseille, forme, accompagne. Elle participe à des projets territoriaux, comme la structuration d’une filière blé dur bio ou le développement d’une orge brassicole de qualité. « Ce poste est prenant, mais très enrichissant, confie-t-elle. J’apprends beaucoup et je développe de nouvelles compétences. Ce que je préfère, ce sont les échanges avec les agriculteurs : on réfléchit et on avance ensemble. Dernièrement, j’ai mené une enquête auprès d’une trentaine d’entre eux sur le phytonome de la luzerne. »
Cette approche collaborative, elle l’applique aussi au collectif ABC-Sud, qui réunit une vingtaine d’agriculteurs bio engagés dans la conservation des sols. Son objectif : les impliquer au maximum dans les projets menés. « Ce sont eux qui choisissent les thèmes des essais : couverts végétaux, cultures associées, diversification… », explique-t-elle.
Clément Aude, l’un des derniers à avoir rejoint ce collectif, confie : « Clémence, c’est une facilitatrice de lien. Elle m’a proposé d’intégrer le groupe. Grâce à ça, je ne me sens plus isolé, j’ai trouvé un appui. » La presque trentenaire cultive bien plus que des essais, elle fait germer l’envie de faire ensemble.