«Je n’ai pas vu passer ces quatre années », confie Ophélie Mereau, entrée en mai 2021 au service Santé et sécurité au travail de la MSA Alpes du Nord, à Annecy. Cette conseillère en prévention des risques accompagne les professionnels agricoles de toutes les filières et toutes tailles d’entreprises. Rien ne destinait la jeune femme de 27 ans à travailler dans le milieu agricole. Titulaire d’une licence Staps et d’un master en ergonomie, elle y pose un premier pied en réalisant son alternance dans une coopérative céréalière, où elle travaille sur la prévention des risques dans les silos. Elle participe ensuite à un projet de recherche sur les risques de cancer chez les agriculteurs, puis intègre la MSA.
Répondre aux problèmes et mesurer les conséquences
« Mon leitmotiv, c’est comment améliorer le bien-être des agriculteurs à travers le travail », résume-t-elle. Pour cela, elle décortique avec eux tout ce qui, dans une journée, peut être source d’inconfort ou de risque pour la santé physique comme psychique. Elle n’hésite pas à chausser les bottes pour assister à la traite du matin ou aller rencontrer des alpagistes en montagne. « C’est parfois une question réglementaire qui amène les agriculteurs jusqu’à moi, indique Ophélie. Par exemple, l’embauche d’un salarié les oblige à réaliser un document unique d’évaluation des risques. J’aide à le mettre en place, en prenant autant en compte la santé du chef d’exploitation que du salarié. » Elle est aussi sollicitée dans le cadre d’aides financières accordées par la MSA pour acquérir certains équipements.
« Face à un problème, les agriculteurs veulent une solution technique et immédiate, sourit-elle. Nous accompagnons l’aide d’un diagnostic global, pour s’assurer que la solution répond au problème et mesurer les conséquences de sa mise en place. Les agriculteurs sont entourés d’une multitude de conseillers qui oublient parfois l’aspect humain. Mon but est qu’ils prennent eux-mêmes l’habitude, avant toute décision ou investissement, de réfléchir à ce que cela va transformer dans leur travail, et aux répercussions possibles sur leur santé et leur bien-être. »
Outre le conseil individuel, elle intervient dans des projets de filière et des formations collectives, souvent en lien avec des partenaires extérieurs. « Aucune intervention n’est facturée aux agriculteurs », précise celle qui essuie parfois des critiques sur le coût des cotisations MSA. Malgré le temps passé sur la route, les horaires élastiques et la difficulté à mobiliser les agriculteurs, Ophélie se plaît à son poste. « Si je le quitte, je garderai un pied dans le milieu agricole : j’y ai fait de très belles rencontres et m’y suis attachée. »