Une étude, commandée par le comité bio de l’interprofession des fruits et légumes frais (Interfel) et réalisée par Agrex Consulting (1), s’est intéressée aux rendements bio de douze espèces représentatives du marché (carotte, courge, fraise, melon, poireau, tomate, abricot, kiwi, pêche-nectarine, poire, pomme et prune). Les résultats, présentés le 25 septembre 2025 lors du salon Tech & Bio, montrent qu,en agriulture biologique, les rendements pour ces espèces sont inférieurs à ceux obtenu en conventionnel, avec un écart moyen de 41 %. La différence est très forte par exemple en prune (- 68 %) et en pêche-nectarine (- 62 %). À l’inverse, le différentiel est plus faible en carotte (-20 %) ou en kiwi (-21 %).
Disparité très forte en tomate
Arthur Bohan, animateur du comité bio d’Interfel, détaille les résultats concernant la pomme : « 25 % des rendements bio se situent en dessous de 5 t/ha, et 25 % au-dessus de 29 t/ha. La moyenne pondérée est de 29 t/ha en bio, au-dessus de la médiane à 19 t/ha. Cela signifie qu’elle est portée par un certain nombre d’exploitations qui ont sûrement des rendements bien supérieurs à 29 t/ha. »
La disparité est la plus forte en tomate, ce qui s’explique par des systèmes très diversifiés (plein champ, tunnel, serre…). Pour chaque espèce, le cabinet a listé les principaux facteurs de variabilité des rendements : tailles et types d’exploitations, modèles d’irrigation, densité de plantations, variétés… « Au-delà des pratiques en matière d’itinéraires techniques (protection phytosanitaire, fertilisation, variétés), on note des différences importantes sur les densités de plantation (parfois très faibles) qui impactent les rendements, indique le cabinet en synthèse des résultats. Pour certaines espèces, les rendements sont très différents selon la typologie de producteurs (en organisations de producteurs, ou OP, /indépendants). »
Données récoltées en 2023
Pour cette étude, le cabinet a contacté près de 20 000 producteurs et obtenu 703 réponses exploitables (représentant 26 % de la surface agricole utile bio française des espèces concernées). Il a a également réalisé des entretiens auprès d’organisations de producteurs (OP), d’associations d'OP (AOP) et de coopératives.
L’analyse a porté sur les rendements de 2023, qui ont été pondérés par les surfaces des producteurs et OP, pour tenir compte de la variabilité des profils et donner plus de poids aux producteurs de taille plus importante. « Cette étude nous donne une bonne photo de la productivité de l’année 2023, mais l’idée est de mettre en place une méthodologie reconductible pour les années suivantes, afin de remettre à jour les chiffres régulièrement », explique Arthur Bohan.
Rendements inférieurs en période de conversion
L’étude n’a pas permis de calculer des rendements différenciés entre les productions converties à l’agriculture biologique et les productions en conversion par espèce, l’échantillon ayant comporté trop peu de données « en conversion ». « Néanmoins, en agglomérant les données en deux catégories « maraîchage » et « arboriculture », il ressort que les rendements sont inférieurs en période de conversion, indique le rapport de l’étude. Les professionnels interrogés semblent confirmer ces tendances, particulièrement en maraîchage, où la maîtrise de l’enherbement/des maladies est délicate les premières années. »
Cette étude s’inscrit dans le cadre du travail du comité bio d’Interfel sur l’adéquation entre offre et demande en fruits et légumes bio, entrepris au début de la crise du bio en 2020. « L’interprofession avait commandé une première étude qui avait montré un manque de données fiables et actualisées des rendements en bio. Il y avait une nécessité d’en mener une nouvelle à plus grande échelle », indique Arthur Bohan.
(1) en collaboration avec l’Agence bio et le Service de la statistique et de la prospective (Agreste)