« Dans les Pays de la Loire, 60 % des élevages laitiers bio seront confrontés à la problématique de la transmission dans les dix années à venir, avec au moins un associé qui fera valoir ses droits à la retraite », lance Jean-Claude Huchon, référent en lait bio pour la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Si ce constat ne présage rien de bon à première vue, il faut le voir comme « un formidable réservoir d’emploi, à condition que les fermes correspondent aux objectifs des futurs installés », reprend l’expert.
C’est tout l’enjeu du projet Perlaib, conduit de 2016 à 2019 et piloté par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. À travers des enquêtes auprès d’une vingtaine d’élevages laitiers bio mais aussi de collecteurs, de jeunes installés (1) et d’étudiants (2), les acteurs du projet ont cherché à « savoir s’il y avait une adéquation entre l’offre en fermes et les attentes des potentiels repreneurs ».
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La proximité à d’autres services comme gain d’attractivité
« Dans les Pays de la Loire, les 800 élevages laitiers bio font ressortir une grande diversité de systèmes, pouvant ainsi conduire à une multitude de projets possibles », poursuit Jean-Claude Huchon.
Les porteurs de projet et étudiants, interrogés sur leurs attentes prioritaires à la transmission, prêtent attention aux conditions de travail, au montant de la reprise et aux investissements réalisés ainsi qu’à l’autonomie du système. « Les étudiants accordent également de l’importance aux services [autres qu’agricoles] qui gravitent autour de l’exploitation, indique Jean-Claude Huchon. Du côté des porteurs de projet, les revenus perçus dès l’installation font partie de leurs préoccupations fortes. » (22/09/2021)
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Veiller à un montant de reprise cohérent
Et même si ces derniers aspirent à produire en bio, ils n’écartent pas l’hypothèse de reprendre une ferme conventionnelle. « Le défi personnel de mener son projet de A à Z peut être séduisant, mais il faut bien avoir en tête les temps de conversion », prévient le spécialiste. Lors des enquêtes, les acteurs du projet Perlaib ont en effet mis le doigt sur la méconnaissance des jeunes vis-à-vis des résultats économiques et techniques des systèmes bio.
La chambre met à disposition des fiches techniques « cas type lait spécialisé en agriculture biologique » actualisées chaque année afin de donner des repères. « Il est important que les jeunes s’approprient ces chiffres pour viser des projections économiques réalistes et sécurisées », reprend Jean-Claude Huchon.
Dans les différentes fiches techniques conçues, les experts intègrent des objectifs de rémunération à hauteur de deux Smic par exploitant, « figurant parmi les conditions d’attractivité des élevages laitiers bio ». Une marge de sécurité à hauteur de 10 % de l’excédent brut d’exploitation (EBE) est également prise en compte en cas d’aléas.

Une remise en état de l’outil parfois coûteuse
Pour éviter toute désillusion, les candidats à l’installation doivent bien évaluer la capacité productive, structurelle et technique de la ferme reprise. Ils doivent également étudier la valeur économique et les conditions de travail futures.
« Les montants d’annuités à injecter dans les cinq années suivant l’installation, parfois très importants, peuvent venir infléchir la valeur de reprise de l’exploitation, indique l’expert. C’est pourquoi les cédants doivent maintenir un outil fonctionnel jusqu’à la transmission pour faciliter l’installation tout en gardant un prix de vente raisonnable, avec une valeur économique cohérente. »
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(1) Réponses de 22 porteurs de projets accueillis dans les deux dernières années au Point Accueil Installation Transmission (PAIT).
(2) Réponses de 173 jeunes de lycées agricoles, CFA, CFPPA, MFR, structures de l’Unrep, établissements supérieurs des Pays de la Loire.