Des ingrédients pour les laits infantiles, des barres énergétiques, des produits vétérinaires et même des confiseries : « Les débouchés du colostrum dans les quatre-vingts pays où nous sommes présents sont nombreux et parfois insoupçonnés », souligne Patrick Meunier, directeur du projet Prospérité fermière Ingredia, de la coopérative du Pas-de-Calais. Le 15 janvier, à Vacognes-Neuilly, dans le Calvados, s’est tenu le lancement officiel de la première collecte des excédents de colostrum structurée, à l’échelle de la Normandie.

« Nous commencions à plafonner à environ 300 000 litres annuels collectés auprès de nos 1 500 adhérents. Nous cherchions un nouveau bassin proche de chez nous. Notre choix s’est vite porté sur la Normandie », poursuit Serge Capron, le président de la laiterie. Pour recruter des éleveurs sur ce nouveau territoire, il a fallu nouer des partenariats avec les acteurs locaux : Sodiaal, les Maîtres laitiers du Cotentin, Yséo et Littoral normand. Une part significative des éleveurs bovins lait normands se sont trouvés ainsi approchés. Et l’accueil réservé jusqu’ici à ce nouveau débouché est très bon : au bout de deux mois de mise en place en Basse-Normandie, près de 300 élevages ont déjà signé des contrats.

Depuis quelques jours, la collecte est également mise en place en Haute-Normandie. Les éleveurs n’ont pas d’obligation de livraison en volumes, mais ils s’engagent à respecter les bonnes pratiques. La coopérative du Pas-de-Calais leur fournit pour cela les seaux et un réfractomètre pour mesurer la concentration de leur colostrum. Charge ensuite à l’éleveur de congeler la production, de la livrer en point de collecte ou de la confier à un membre du réseau.

Un complément de 1 500 €

« La priorité est donnée à l’alimentation du veau. Seuls les volumes excédentaires sont attendus », insiste Thierry Humler, président de Littoral normand (Contrôle laitier). Le colostrum excédentaire est payé aux éleveurs entre 0,80 €/l et 4 €/l, en fonction de la concentration en immunoglobuline G. Avec une moyenne à 2,50 €/l, cela représente un revenu annuel moyen de 1 500 € pour une exploitation de 80 vaches laitières. Le principal bénéfice se trouve sur le plan technique. Avec l’élargissement de sa collecte, la coopérative du Pas-de-Calais espère accroître de 25 % ses volumes dès 2020.

Alexis Dufumier