Ces derniers mois, l’euro s’est déprécié par rapport au dollar. « Il faut l’interpréter comme une appréciation du dollar par rapport aux autres monnaies », analyse Marc Zribi. L’évolution est significative : −4,2 % sur un mois, conséquence de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, et son impact sur les matières premières.

 

« L’inflation des prix alimentaires et des chaînes logistiques frappe plus fortement les États-Unis que l’Europe, qui ont mis en place une politique monétaire plus restrictive, note le spécialiste. Cela rend la rémunération du dollar plus attractive par rapport aux autres monnaies, et génère une demande en dollar plus forte dans le monde, ce qui explique son appréciation. »

 

« Ces parités monétaires favorisent la compétitivité de nos exportations, mais contribuent à renchérir le coût des importations de matières premières, de gaz naturel et du pétrole, des intrants, des engrais… », ajoute le spécialiste.

Forte demande en blé tendre

La production mondiale de blé tendre en 2022-2023 « pourrait chuter pour la première fois depuis quatre ans ». Elle est attendue à 746 millions de tonnes, selon le Conseil international des céréales (CIC), tandis que la demande devrait progresser « à un nouveau sommet », à 750,5 millions de tonnes, principalement pour les utilisations humaines. « Le stock final devrait diminuer de 4,4 millions de tonnes sur un an », ajoute Marc Zribi.

 

Dans l’hémisphère Nord, les conditions de cultures des blés d’hiver sont mitigées, marquées par des incertitudes climatiques. Seules 29 % des surfaces en blé d’hiver aux États-Unis sont jugées bonnes à excellentes, « très en deçà de la période de 2016 à 2020 », commente Marc Zribi. La sécheresse frappe non seulement les États-Unis, mais également l’Inde et une partie de l’Union européenne. Les semis ont débuté en Australie, et 40 % ont été réalisés en Chine, « sur un rythme plus rapide que l’an dernier ».

Rebond de la production de blé dur et d’orge

Un « rebond significatif » de la production de blé dur est attendu, à 33,9 millions de tonnes, « avec le retour de la production en Amérique du Nord à des niveaux plus habituels », note Marc Zribi.

 

La demande en utilisation humaine, contrainte par les prix et les disponibilités en 2021-2022, devrait progresser en 2022-2023, et les stocks de fin de campagne rester à peu près stable à 6,2 millions de tonnes.

 

La production mondiale d’orge est, quant à elle prévue, en hausse en 2022-2023, à 148,6 millions de tonnes, avec un rebond de production pour 2022-2023 au Canada, en Turquie et au Kazakhstan.

Baisse des surfaces de maïs

Du côté du maïs, les prévisions du CIC mettent en avant une baisse de la production, liée à une baisse des surfaces. La production mondiale devrait diminuer de 13 millions de tonnes, à 1 197 millions de tonnes, et pour la seconde année consécutive, les stocks de fin de campagne devraient baisser, d’environ 20 millions de tonnes, à 265,09 millions de tonnes.

 

Les conditions sèches en Amérique du Sud inquiètent. « La vigilance est de mise sur l’évolution des rendements attendus de la seconde récolte brésilienne », précise Marc Zribi.

 

« Les semis de maïs sont en cours dans l’hémisphère Nord, explique Marc Zribi. Ils progressent plus lentement que d’habitude aux États-Unis, en raison du temps frais et humide sur une grande partie de la Corn-Belt. » Si l’USDA, le ministère américain de l’Agriculture, prévoit une récolte américaine de maïs à 387 millions de tonnes, les prévisionnistes s’attendent plutôt à une production de 375 millions de tonnes, « qui s’explique par le retard des semis en 2022, indique le spécialiste. À ce stade, 22 % seulement des surfaces sont semées. »

 

Les semis de maïs se poursuivent également en Ukraine, mais la guerre devrait entraîner un « effondrement des surfaces ». Elles s’élevaient à 2,629 millions d’hectares le 9 mai 2022. « Les débouchés moindres à l’export, le déficit de carburant, le coût de séchage élevé des céréales, et l’incertitude des actions militaires ne poussent pas à semer du maïs en Ukraine. » Entre 10 et 20 % du trafic habituel à l’exportation est assuré par des itinéraires alternatifs en Ukraine.