Depuis son installation en 2002, le blé cultivé par David Fauduet est exclusivement du blé améliorant ou de force (BAF). Son exploitation est située près de Puiseaux, dans le Loiret, un territoire de production de cette culture, en lien avec l’histoire de sa coopérative. Avec sa double casquette, adhérent et responsable de filière à la coopérative de Puiseaux, David Fauduet est bien placé pour la raconter. « La réforme de la politique agricole commune en 1992 a poussé la coopérative à trouver des débouchés spécifiques. Grâce à sa localisation au sud du bassin parisien, proche de meuniers, semenciers ou encore d’usines comme celle des pains de McDonald’s, c’est toute une filière du BAF qui s’est construite », retrace-t-il.
Le BAF se distingue du blé supérieur panifiable (BPS) par ses qualités technologiques, et notamment par son taux de protéine qui doit être supérieur à 14,5 %. Cela se traduit dans l’itinéraire technique par une fertilisation azotée adaptée. En moyenne, selon les années, David Fauduet applique 220 à 250 unités d’azote, sous forme solide, qu’il fractionne en quatre ou cinq apports. « Le dernier apport, entre le stade de la dernière feuille étalée et celui de l'épiaison, est particulièrement important », souligne l’agriculteur.
Le contexte pédoclimatique du secteur de Puiseaux est propice à la culture. « On a régulièrement un peu d’échaudage en juin sur nos terres séchantes, ce qui limite le rendement de nos variétés et permet de gagner en protéines et en qualité », explique l’agriculteur.
Une demande renforcée
« La boulangerie industrielle se développe, et avec elle son besoin en BAF pour améliorer le mélange panifiable, analyse David Fauduet. Alors que les variétés étaient souvent d’origine suisse, les sélectionneurs français se sont mis à travailler ce type de blé. » En vingt ans, l’agriculteur a noté des progrès dans les variétés, dont l’offre s’est élargie. Les plages de semis se sont étendues et les « tares » des BAF, la sensibilité à la verse et aux maladies, se sont améliorées. « Grâce à la sélection, on a des variétés adaptées à un itinéraire plus économe en intrants », se réjouit-il. Quant au rendement, « il faut enlever environ 15 à 20 q/ha à celui d’un BPS ».
Comme la majorité des adhérents de la coopérative, David Fauduet s’est engagé il y a sept ans dans la filière de la « culture raisonnée contrôlée » (CRC), pour répondre à une nouvelle exigence de McDonald’s. « Le cahier des charges prévoit une liste restreinte de produits phyto autorisés, des indices de fréquence de traitement à respecter, le stockage de grains sans insecticides, une analyse des résidus de pesticides… Le taux de protéines attendu pour les BAF est aussi plus exigeant : entre 14,5 et 15 % », résume David Fauduet.
Sont également compris un volet sur la biodiversité, ou encore le recours obligatoire à des semences certifiées. « Nos semences sont un peu plus chères, mais c’est aussi grâce à cela que les sélectionneurs travaillent des variétés. Tout le monde ne l’entend pas, mais j’y suis sensible », explique l’agriculteur.
Ce dernier bénéficie d’une prime BAF, recalculée tous les ans pour tenir compte des évolutions des coûts de production. « Quand le prix de l’azote a explosé, la prime BAF est montée à 115 €/t. Aujourd’hui, on est plutôt autour de 70 à 90 €/t. » Il reçoit également une prime CRC, de 24 €/t dans son cas car il stocke sur sa ferme (contre 12 €/t pour ceux sans stockage).