Le 2 novembre 2021, les cours du blé ont atteint sur Euronext les records historiques de 2007-2008 à près de 300 €/t (voir l’encadré). Le niveau de prix de la céréale, aliment de base pour une grande partie de la population mondiale, inquiète nombre d’opérateurs.

 

Retour 14 ans en arrière avec Sébastien Poncelet, directeur du développement chez Agritel, pour comparer les deux situations.

Historique: Le blé @euronext_fr égale son record historique de clôture, à 292,75 €/t qui remonte à 2️br>
Pour rappel en séance, les plus hauts historiques ont été traités le 5 septembre à 303 €/t sur l’échéance Mai 2008 ❗️#ble #oatt #record pic.twitter.com/Q1eGabF3Lu

— Agritel (@agritelparis) November 3, 2021

Quels facteurs de hausse en 2007-2008 ?

« En 2007-2008, les principaux facteurs de la flambée des cours ont été la hausse de la demande, en lien avec le démarrage des biocarburants, mais également de mauvaises récoltes en 2007 pour la plupart des principaux exportateurs : États-Unis, Canada, Union européenne, mer Noire », indique l’expert.

 

Le bilan s’est particulièrement tendu, d’autant que les stocks mondiaux étaient déjà bas faisant suite à la campagne précédente, marquée par le phénomène climatique d’El Niño. À cela s’étaient ajoutées une très forte poussée du prix du pétrole et l’intervention des fonds d’investissement sur les marchés des matières premières, en lien avec la crise financière.

Actuellement, des ratios stock/consommation bas

Agritel explique la situation actuelle par la chute de l’offre de blé chez les grands exportateurs, elle est insuffisante pour répondre à la demande des pays importateurs. Cette demande, qui atteint également des records. En effet, sur la campagne en cours, la demande est « phénoménale », estime Sébastien Poncelet. Il note que « les achats de blé à l’échelle mondiale n’ont jamais été aussi dynamiques que sur le premier tiers de la campagne d’exportation de 2021 ». Chine, Pakistan, Iran, Turquie… De nombreux pays achètent massivement du blé.

 

Pour se rendre compte de la tension du marché, le bon indicateur à observer est le ratio stock sur consommation. Chiffré à 13 % à la fin de la campagne de 2007-2008, il se situe aujourd’hui aux alentours de 12 %-13 %. Cet indicateur « est plus tendu aujourd’hui qu’à l’époque », note Sébastien Poncelet.

Des perspectives incertaines

En 2008, les prix avaient baissé à la faveur d’une production mondiale « exceptionnelle ». En effet, les principaux pays exportateurs avaient produit 384 millions de tonnes de blé, contre 309 millions de tonnes en 2007. « Il aura ensuite fallu attendre 2016 pour retrouver le niveau de production de 2008 », souligne Sébastien Poncelet.

 

« L’une des grandes différences à noter entre ces deux envolées de prix est, qu’à l’époque, seul le prix du blé avait fortement augmenté », note-t-il. Cela avait donné un signal fort aux producteurs mondiaux, qui ont ainsi notablement augmenté les surfaces de blé l’année suivante. « Aujourd’hui, toutes les cultures sont très chères », rappelle Sébastien Poncelet. L’incitation à produire du blé est donc moins forte.

 

« Le pays qui a le plus de potentiel d’augmentation de surface de blé est la Russie, mais le pays a mis en place des taxes à l’exportation, proportionnelles à la hausse des cours. En conséquence, les producteurs russes ne profitent pas de cette hausse », ajoute-t-il. Les surfaces de blé russes ne devraient ainsi pas significativement augmenter.

 

À ces considérations de surfaces s’ajoutent des inquiétudes climatiques (sécheresses en cours dans le bassin de la mer Noire, problèmes de qualités aux États-Unis…). Les conséquences de la flambée mondiale des prix des engrais, voire un manque de disponibilité, sur le rendement des cultures sont également floues. « Il y a beaucoup d’incertitudes sur la campagne en cours », résume Sébastien Poncelet.