«Je dors peu, environ cinq à six heures par nuit », témoigne d’emblée Audrey Bourrust. Éleveuse de porc noir 100 % en vente directe à Castéra- Verduzan (Gers) avec son mari Benoît, elle est aussi maman d’une petite fille de 8 ans. Elle y ajoute d’autres fonctions : « J’ai constitué l’association des éleveurs porcs ovins et caprins du Gers et des départements limitrophes en 2023. Nous avions l’objectif de soutenir l’abattoir d’Auch et d’y recréer une chaîne multi-espèces. »
Mission accomplie grâce à la participation financière d’acteurs publics et privés, parmi lesquels une SAS rassemblant soixante-et-onze éleveurs dont Audrey Bourrust est présidente. Ce qui a conduit le conseil d’administration de l’abattoir à lui proposer d’en prendre la tête en décembre 2024. « Je ne l’ai pas choisi mais c’est un challenge qui me plaît », note la Gersoise de 43 ans. À l’abattoir comme ailleurs, « je ne fais rien à moitié », sourit-elle.
Elle réunit donc régulièrement les vingt-huit salariés de la structure : « Je veux être transparente sur le bon et le moins bon », certifie-t-elle. Côté pile : « Nous changeons la vie des éleveurs en limitant leur temps de trajet » et les volumes augmentent. Côté face : les lourdes pertes enregistrées les années passées après le départ d’un gros apporteur ont décidé Audrey Bourrust à demander le placement de l’entreprise en procédure de sauvegarde. « Cette situation réclame une gestion au quotidien et une disponibilité importante », résume-t-elle, tout en avouant « avoir pris des rides à cause du stress et de la fatigue ».
« Le cerveau toujours en effervescence »
Elle consacre environ 70 heures par mois à gérer le « pôle viande » d’Auch, toujours prête à répondre au téléphone. Pour diluer la charge mentale, l’éleveuse a modifié l’organisation de la structure : en plus d’elle, deux responsables ont été nommés, contre un seul auparavant. « Nous formons un trio en totale transparence », se félicite-t-elle. La ferme a aussi évolué depuis qu’elle est présidente : le couple est renforcé une demi-journée par semaine par un salarié à l’atelier découpe. Le tout financé par l’indemnité d’Audrey « calculée sur la base d’un élu à la chambre d’agriculture ».
Les journées d’Audrey Bourrust sont très rythmées : le matin à la ferme et l’après-midi à l’abattoir. « Il y a une chose à laquelle je tiens : aller récupérer ma fille Victoire à l’école le soir. Elle regrette parfois mes absences mais elle comprend aussi qu’il est possible d’être agricultrice tout en menant d’autres projets. » Une fois Victoire couchée, Audrey Bourrust se replonge dans les dossiers du pôle viande, sans considérer cet engagement « comme un sacrifice ».
Comme son mari Benoît, ancien joueur de rugby professionnel, elle adore les défis et le travail en équipe : « Même si mon cerveau est toujours en effervescence, je ne pourrais pas vivre autrement. » Ce d’autant plus qu’elle y voit de nombreux enrichissements personnels : « Je rencontre plein de personnes très différentes et je développe des connaissances dans de nombreux domaines. »