« De graves carences des services vétérinaires, de nombreuses infractions à la réglementation entraînant des souffrances aiguës et pourtant évitables aux animaux », c’est ce que reproche L214 à l’abattoir de bovins de Cuiseaux, dans la Saône-et-Loire, à travers une vidéo publiée le 28 octobre 2021.

 

Son auteur, Thomas Saïdi, est un « enquêteur de L214 » ayant candidaté pour le poste de « préposé sanitaire au sein des services vétérinaires officiels de l’abattoir ». Selon l’association, il a été embauché alors qu’il ne présentait aucune expérience ni qualification. « Thomas a filmé une partie de la chaîne, de l’arrivée des animaux en bouverie jusqu’à leur mise à mort et les premières découpes », précise L214.

 

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« Infractions à la réglementation »

Des « graves infractions à la réglementation » ont notamment été observées par l’association dans le cadre de l’abattage rituel. « Des bovins encore conscients après avoir été égorgés sont suspendus par une patte à la chaîne d’abattage sans qu’aucun contrôle ou étourdissement d’urgence ne viennent épargner aux animaux une extrême souffrance », rapporte L214.

 

L’association fait également état de la présence de « fœtus de veaux de tous âges arrivant quotidiennement sur la chaîne d’abattage (une cinquantaine par jour), et notamment des veaux prêts à naître ». « Ces fœtus n’auraient jamais dû arriver sur la chaîne de l’abattoir puisque la réglementation interdit de transporter des vaches au-delà du huitième mois de gestation », pointe L214.

« Non-conformités manifestes »

Selon le ministère de l’Agriculture, ces images « probablement tournées entre février et mai 2021 » montrent « un certain nombre de non-conformités manifestes, notamment l’utilisation d’un pic électrique au niveau de la tête d’un bovin (non-conformité au RE 1099/2009), et d’autres possibles, notamment sur l’abattage de femelles en gestation au-delà du terme autorisé ou encore la mise à mort lors de l’abattage rituel opéré ».

 

Il précise par ailleurs que « tout agent recruté par une direction départementale pour travailler en abattoir doit suivre un parcours qualifiant, qui peut prendre la forme d’un tutorat sous la supervision d’un vétérinaire ou d’un agent expérimenté ». Les inspections aux postes clés nécessitant « une certaine technicité » sont réservées au « personnel confirmé ».

Inspection complète « sans délai »

Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture, a ordonné une enquête approfondie des pratiques de l’abattoir de Cuiseaux. Elle sera réalisée ce jeudi 28 octobre 2021. « Cette inspection complète de l’établissement sera réalisée sans délai avec le soutien de la Force d’intervention nationale en abattoir, récemment créée pour venir en appui aux préfets dans de telles situations », précise la rue de Varenne.

 

De son côté, L214 a porté plainte pour « sévices graves » auprès du procureur du tribunal judiciaire de Chalon-sur-Saône. L’association dépose également un recours en responsabilité contre l’État pour « manquement à sa mission de contrôle de l’application de la réglementation ».