« L’Espagne a fortement augmenté ses importations d’animaux vivants au premier trimestre 2025. Le leader européen recourt davantage aux importations d’animaux vivants en raison de difficultés sanitaires persistantes (SDRP) et de la surcapacité de ses outils d’abattage-découpe », constate Elisa Husson, ingénieure d’études économiques à l’Institut du porc (Ifip), dans une note publiée le 20 juin 2025.

Prix élevés

Entre janvier et fin mars, la péninsule ibérique a ainsi accru de 76 % ses importations de porcelets, par rapport à la même période en 2024. Elles atteignaient 1,1 million de têtes. Les achats de porcs charcutiers ne sont pas en reste, avec une progression de 43 %, soit 62 900 têtes au total.

D’après l’Ifip, les Pays-Bas sont les premiers fournisseurs de porcelets de l’Espagne, à raison de 835 000 têtes sur le premier trimestre (+ 81 % par rapport à 2024). S’agissant des porcs charcutiers, la Belgique et la France sont à la manœuvre, à hauteur de 64 400 têtes (+ 707 %) et 25 500 têtes (+ 711 %) respectivement.

Du côté français, « les exportations de porcelets ou de porcs charcutiers restent, de manière générale, contenues », note Pascal Le Duot, directeur d’Uniporc et du Marché du porc français (MPF). Mais « les niveaux élevés de prix pratiqués sur le marché espagnol » ont favorisé « l’intensification des flux de porcs vivants à destination du sud de l’Europe », observe Elisa Husson.

Perte de compétitivité

Le revers de la médaille commence à se faire sentir de l’autre côté des Pyrénées. Le mois dernier, le prix du porc en Espagne a commencé à céder du terrain « après être monté très haut », appuie Pascal Le Duot. « Il est inhabituel d’observer une baisse des prix en juillet en Espagne, compte tenu de la faiblesse de l’offre et des poids », observait le MPF, dans une note de conjoncture publiée le 28 juillet dernier.

La place de cotation française estime que cette situation est « très exceptionnelle, liée au contexte dégradé du marché de la viande en Europe. Cela engendre de fortes tensions sur la compétitivité des abattoirs espagnols, et de nouvelles baisses de prix sont probablement à prévoir. » En attendant, « Les achats de porcelets sous contrat se poursuivent, mais l’Espagne n’achète plus de porcelets sur le marché libre », rapporte le MPF.