« Après le cognac, le porc français risque d’allonger la liste des victimes du bras de fer entre la Chine et l’Union européenne au sujet des voitures électriques », alerte Inaporc, dans un communiqué de presse diffusé ce jeudi 17 octobre 2024. Selon l’interprofession de la filière porcine, une éventuelle surtaxe appliquée sur les produits porcins exportés en Chine anéantirait les efforts des opérateurs français pour favoriser les exportations vers la Chine.
Un marché franco-chinois essentiel
Premier marché à l’exportation, la Chine est un partenaire essentiel pour la filière porcine française. Les ventes à destination du géant asiatique constituent l’un des seuls débouchés pour les morceaux peu consommés en Europe, en particulier les abats. La France exporte ainsi 115 700 tonnes de produits porcins par an vers la Chine. Cela représente 16 % des exportations totales de porc en 2023.
L’interprofession estime que « l’Europe sacrifie une à une les filières agroalimentaires de ses pays membres » dans son combat commercial avec la Chine. En mai dernier, le président Emmanuel Macron et son homologue chinois avaient pourtant conclu un accord qui a permis d’augmenter les volumes des ventes en autorisant l’exportation d’abats blancs français (estomac, intestins) vers la Chine. Un accord qui a conduit à une hausse des exportations de 10 %, soit près de 30 millions d’euros.
Des pertes estimées à 500 millions d’euros
La mise en place de taxes supplémentaires à l’exportation par les autorités chinoises déstabiliserait toute la filière française. Pourquoi ? Parce que cela entraînerait une diminution des flux de l’ensemble des produits porcins européens vers la Chine et une forte baisse de la valorisation des abats de porcs.
Ce scénario « désastreux » engendrerait non seulement des pertes directes pour la filière française mais aussi un engorgement du marché européen puisque la Chine est la première destination pour les produits porcins européens (2,5 milliards d’euros en 2023). Résultat, la filière redoute l’arrivée d’une spirale à la baisse des prix à l’échelle européenne.
L’interprofession évalue le montant global des pertes à 500 millions d’euros pour la filière française qui affiche un chiffre d'affaires sortie élevage de 4,2 milliards d’euros et un chiffre d’affaires aval de 11 milliards d’euros (viandes et charcuteries confondues).
Elle demande donc à l’Union européenne et à la France de soutenir la filière afin de maintenir la pérennité de la production porcine française. « Ce soutien est déterminant pour continuer à produire et transformer des porcs en France et à investir dans des pratiques durables. Le porc est la seule viande en France dont la production couvre la consommation hexagonale », conclut Inaporc.