Toujours plus haut ! À 9,54 €/kg de carcasse, le cours de l’agneau (1) avant Pâques s’affichait à près de 1 €/kg au-dessus de celui de 2023. « Le manque d’offre explique ce niveau, déclare Cassandre Matras, de l’Institut de l’élevage. Les abattages de janvier et février sont inférieurs de 4 % à ceux de l’an dernier, sachant que la tendance était déjà baissière les années précédentes. Les effectifs de lacaunes qui sont très présents en début d’année accusent eux aussi un recul. Les exportations françaises de vif étaient par ailleurs plutôt dynamiques au début de cette année. »

Les fêtes religieuses se succèdent au mois d’avril et stimulent la demande. Des bouchers n’ont d’ailleurs pas tous reçu l’intégralité de leur commande. Préparer des animaux pour le début d'avril demande un travail important de la part des éleveurs. « Ponctuellement, des abatteurs ont d’ailleurs signalé que certains animaux manquaient de finition, même si d’autres étaient satisfaits de l’approvisionnement », observe Cassandre Matras
Globalement, les abattages sont inférieurs aussi bien en agneaux français qu’en agneaux d’importation. L’arrivée d’agneaux espagnols sur notre territoire est bien moindre cette année car l’Espagne a beaucoup souffert des dernières sécheresses. « Cette marchandise est moins disponible et beaucoup plus chère, souligne l’experte. L’Espagne reste toujours très tournée vers les pays tiers, notamment vers le Maroc, qui représente un débouché important. »
L’agneau néo-zélandais toujours plus compétitif
La viande d’agneau néo-zélandaise est, elle, encore présente sur les étals et elle est particulièrement compétitive. Les prix bas ont déclenché la colère des producteurs français qui ont organisé plusieurs manifestations dans les magasins des grandes enseignes. « Les Néo-Zélandais subissent une forte concurrence de l’Australie, qui s’est bien remise de la sécheresse de 2019-2020, ajoute Cassandre Matras. La production australienne atteint un niveau jamais enregistré et la filière revient puissamment sur le marché mondial. La météo a été plutôt clémente et a favorisé la reconstitution du cheptel, mais à partir du second semestre de 2023, une nouvelle vague de chaleur a contraint les producteurs à décapitaliser de nouveau. »

Le marché français pourrait encore rester sous tension jusqu’au mois de juin et l’Aïd-el-Kébir (16 juin). « La demande pourrait ensuite observer un creux pendant l’été, indique l’experte. Les niveaux de prix peuvent devenir un frein pour les distributeurs qui ont parfois décidé d’acheter moins de marchandises pendant les fêtes compte tenu du prix élevé de l’agneau. Ils proposent alors des produits de substitution à l’entrée des magasins, moins chers mais festifs. »
(1) prix moyen pondéré des régions.