"Nous analysons avec attention les diagnostics CAP’2ER annuels pour quantifier le bilan carbone de l’exploitation depuis 2018. Nous faisons partie des 700 exploitations suivies en Nouvelle-Aquitaine", explique Pierre-Antoine Raimbourg, installé depuis 2017 à Esse (Charente). En 2021, l’exploitation a stocké 2 941 tonnes équivalent CO2, elle entretient 604 eq. ha de biodiversité et nourrit 157 personnes. "Nos résultats sont cohérents par rapport à notre système d‘exploitation". Le jeune agronome, accompagné dans son projet par son épouse, vétérinaire, exploite 145 ha de prairies naturelles d’un seul tenant sur les contreforts du Limousin et 26 km de haies.
La bien nommée Ferme écologique de Gorce, convertie en agriculture biologique dès 1998 par leur prédécesseur, Étienne Mareschal, abritait 75 vaches limousines conduites en plein air pour une production de broutards vendus à l’export. Le choix de devenir éleveur s’accompagne pour Pierre-Antoine Raimbourg d’une réflexion approfondie sur le sens qu’il entend donner à son métier avec la volonté de « contribuer efficacement au mieux-être de la planète ».
Conduite en lots
Il décide d’élever des vaches herefords, rustiques et dociles, et d’engraisser des bœufs, des génisses et des vaches au foin et à l’herbe pour de la vente directe locale. Avec 95 % de productivité numérique, le troupeau de 30 vaches produit aujourd’hui 21 t de viande vive par an, soit l’équivalent des 75 vaches en système naisseur. Les animaux sont conduits à l’abattoir de Bellac à 20 km de l’exploitation. Les carcasses sont transportées chez le boucher de Bellac, à la Biocoop de Saint-Junien (Haute-Vienne) à 25 km ou à l’atelier de transformation de Bourganeuf (Creuse) à 70 km.
Le cuir est tanné à Bellac. « Nous vendons une viande tendre et persillée dont nous pouvons expliquer les conditions d’élevage à nos clients consommateurs. Cette communication directe qui inclut les impacts environnementaux de nos exploitations est fondamentale. Le bilan carbone ne fera-t-il pas partie de nos argumentaires de ventes et de prix dans un proche avenir ? », appuie l’éleveur. Pour réduire encore son empreinte carbone, il a diminué cette année de 30 ha ses surfaces de fauche (50 ha au lieu de 80 ha).
Les animaux seront à l’herbe du 20 février au 20 décembre avec une conduite en lots finement adaptée aux ressources fourragères des parcelles selon la diversité des sols, l’exposition… La puissance du tracteur a été revue à la baisse (85 ch au lieu de 120), un vieux tracteur fait son office avec certains matériels comme le broyeur. La consommation de carburant est passée de 4 500 l en 2020 à 3 200 l en 2021. Elle a encore baissé de 700 l entre octobre 2021 et octobre 2022.