« Il existe mille façons différentes d’élever un veau, l’important est de garder de la bonne santé. » Le sevrage du veau laitier est un virage à ne pas louper. La bonne croissance du jeune animal se ressentira directement sur la production laitière de la future vache laitière. Bruno Dalez, vétérinaire dans les Deux-Sèvres, rappelle qu’une croissance de 0 à 6 mois loupée ne se rattrape jamais, si ce n’est par de l’engraissement.
Pour favoriser cette croissance, le passage d’une alimentation liquide à un régime solide doit-il se faire brutalement ou progressivement ? Bruno Dalez conseille un entre-deux, sur une durée de 10 jours. « Pour les veaux sevrés très progressivement, l’ingestion des concentrés se passe mieux. En contrepartie, le lait permet une meilleure assimilation d’énergie métabolisable lors d’un sevrage abrupt, de 2 à 4 jours ». Sur 10 jours, le vétérinaire observe une bonne croissance, ne rendant pas nécessaire un sevrage plus rapide, trop stressant pour l’animal.
Dans une logique de vêlage précoce, 2 kg de concentrés peuvent être ajoutés dès deux jours avant le sevrage définitif, et renouvelés tous les jours. Les fibres doivent être présentes avant le sevrage, mais pas en trop grande quantité pour ne pas encombrer le rumen au détriment du concentré et de l’eau.
100 kg de poids vif
Quand faut-il sevrer ? « Au minimum, il faut avoir doublé le poids de la naissance », échelonne le vétérinaire. L’idéal est d’arriver à 100 kg de poids vif au sevrage. S’il est difficile en élevage de mesurer cela sans bascule, il existe des repères. En race prim’holstein, 100 kg de poids vif correspondent à un périmètre de la cage thoracique de 103 cm. Grâce à un ruban placé à la verticale derrière les membres antérieurs, il est possible de surveiller la taille à l’approche du sevrage. Quant au nombre de semaines, il n’est pas fixe, le poids l’emportant. « Aux États-Unis, 8 semaines est considéré comme un sevrage tardif, contre 9 ou 10 semaines en France », rapporte Bruno Dalez.
La suite de la stratégie dépend de l’âge au premier vêlage de la génisse. Dans tous les cas, il convient d’avoir « un GMQ le plus élevé possible les six premiers mois de vie, si l’on veut de la stature et du muscle. Pour cela, un GMQ de 900 g au minimum est conseillé. »
Au-delà du bon moment du sevrage, le bon environnement doit aussi s’anticiper. La règle d’or ? « Limiter au maximum les stress autour du sevrage », martèle Olivier Dalez. Pour cela, tout changement est à proscrire. Ce n’est par exemple pas le moment de passer les veaux dans un nouveau bâtiment ou dans un nouveau lot. Le vétérinaire conseille aussi de garder le même aliment solide qu’avant le sevrage. L’écornage est à décaler « bien avant ou bien après » en raison du stress important qu’il génère. Pour résumer, « un excès de stress peut vraiment donner des génisses pas satisfaisantes », insiste le professionnel de la santé animale.
La surveillance des veaux peut être difficile à effectuer dans le quotidien très rempli de l’éleveur. Bruno Dalez propose la piste des boucles auriculaires de monitoring pour les veaux pour mesurer l’efficacité du sevrage. Elles offrent des paramètres de santé comme la buvée, l’ingestion ou l’activité.