Dès son installation en avril 2023, Vincent Guérin avait déjà signé le devis pour l’achat d’un robot de traite. « J’ai repris seul la ferme de mes parents. Le robot s’est imposé comme une évidence car je suis limité en main-d’œuvre » explique l’agriculteur d’Iffendic (Ille-et-Vilaine). À cette date, l’exploitation comptait un troupeau de 40 laitières (350 000 litres) ainsi que 38 vaches charolaises. Le jeune éleveur n’a pas souhaité reprendre l’atelier allaitant afin de se recentrer sur la production laitière en transformant les bâtiments pour accueillir plus de vaches. Grâce à l’augmentation de sa référence, il peut aujourd’hui produire 700 000 litres de lait.
« Compte tenu des travaux prévus, et de la charge de la reprise de la ferme familiale, j’ai opté pour un robot Lely A 4 Taurus reconditionné toutes options pour remplacer l’ancienne salle de traite (2x4) datant de 1988. Le Lely ne nécessitait pas trop de maçonnerie » précise Vincent. Il a privilégié la même marque pour le robot aspirateur de lisier « afin de n’avoir affaire qu’à une seule entreprise ».
Maintien de la salle de traite
Pour l’implantation, l’idée de centrer le robot entre les deux bâtiments s’est rapidement imposée. « Cette configuration s’est révélée la plus adaptée » souligne Vincent, épaulé par son conseiller Lely. L’avantage : elle permettait de maintenir la salle de traite en activité pendant toute la durée du chantier.
Avant même la pose du robot, Vincent a dû entièrement réorganiser ses bâtiments d’élevage datant de 1988 et 1996. Les deux structures, accolées, ont été réunies après démolition du mur les séparant. La stabulation des laitières a été rallongée de 5 m pour aménager un large couloir de circulation. L’ancienne aire paillée des vaches allaitantes a été élargie pour y mettre des logettes et une deuxième table d’alimentation. Les travaux ont commencé en juillet 2023, permettant de loger les animaux à l’automne.
La mise en route du robot a eu lieu au printemps suivant, en avril. « J’ai suivi le protocole en séparant le troupeau en deux lots et en les déphasant sur trois cycles de traite : matin, fin de journée et nuit pendant une semaine». Les vaches en retard, au départ, se sont peu à peu adaptées. « L’objectif était de les pousser sans les habituer à des horaires fixes. » L’ensemble de la mise en route s’est étalé sur plusieurs mois, au fur et à mesure de l’introduction de toutes les vaches.

Couloir de circulation
Le jeune producteur a particulièrement réfléchi aux zones de circulation. Les vaches disposent d’un large couloir de circulation périphérique autour des logettes. Après la traite, elles peuvent être redirigées soit vers un box infirmerie, soit vers un box chaleurs. Une fosse a également été prévue le long du couloir pour intervenir sur un animal sans l’isoler du troupeau.

Le positionnement du robot, qui n’impactait pas la salle de traite, a été un atout majeur. « Nous avons pu mener les travaux en limitant les contraintes, même s’ils ont duré 1 an et demi. » L’ancienne salle de traite a laissé place à un bureau avec cuisine et une partie vestiaire, douche et sanitaires, pratique pour les salariés de remplacement et les stagiaires.
L’investissement global, bâtiments, équipement (logettes, matelas…) et robot a représenté un montant de 290 000 €. « Pour limiter les coûts en tant que jeune agriculteur, j’ai réalisé une grande partie des travaux moi-même avec l’aide de mon père et d’amis, sauf la maçonnerie. J’ai acheté les logettes d’occasion et récupéré les cornadis et les portails du bâtiment allaitant » détaille Vincent. Ce travail lui a permis d’adapter le plan initial, d’éviter la déconstruction d’un mur porteur et de concevoir un système ingénieux de barrières facilitant la gestion autonome du troupeau.
Le projet a aussi été pensé pour évoluer : le bâtiment comprend 80 places de logettes pour un troupeau actuel de 65 laitières et laisse la possibilité d’installer un deuxième robot de traite et un autre aspirateur. Vincent dispose aujourd’hui d’un outil performant qui lui permet de travailler seul. « La traite robotisée facilite le remplacement ; mais c’est aussi un atout pour, à terme, attirer un salarié voire un associé» estime-t-il.